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6.05 Philosophie pour théologiens

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EMELIE Gabriel
jean BIKOUMOU
sylvainguiton
Jérémie Mansion
Gérald Turin
obarrucand
Fred BICAN
Admin
12 participants

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516.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty question 1 Ven 11 Nov - 16:35

Monnier

Monnier

« La philosophie grecque gravite autour de cette idée fondamentale qu’une connaissance de plus en plus élevée peut permettre à l’homme de contempler la vérité et de s’identifier à Dieu... » (J.BRUN p.11) Cette conception déboucha d’une part, sur « une autodivinisation de l’homme par le savoir et le pouvoir célébrant le prométhéisme vainqueur de tous les obstacles naturels » et d’autre part, sur l’autoproclamation de « l’homme en tant que pilote et ingénieur de l’Histoire » (J.BRUN p.12)

526.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty allégorie de la caverne Sam 12 Nov - 9:09

sylvainguiton

sylvainguiton

bonjour,

certains ont vu dans cette allégorie une autre analogie avec la révélation biblique : pour Platon, celui qui a pour mission de détourner les hommes de leurs illusions et leur révéler où se situe la vérité est le philosophe. Mais, dit-il, il est possible que les hommes préfèrent rester attachés à leurs confortables illusions plutôt que de l'écouter, et en viennent même à s'en prendre à lui.
On retrouve là les prophètes et Jésus bien sûr, ainsi que bien des chrétiens à sa suite.

Remarque : ne pas confondre allégorie et mythe : Platon n'a jamais prétendu que cette histoire de caverne ait existé. C'est clairement une invention à but pédagogique (j'ai déjà fait la confusion alors autant vous avertir avant !)

536.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Philosophie grecque Lun 14 Nov - 11:46

JUSTIN SIMBA

JUSTIN SIMBA

...le rationalisme grec faisait de la raison théorique et contemplative l'autorité ultime (B.Walsh, R.Middleton, La Vision Chrétienne du Monde, Sator, Coll. Alliance, 1988, p.179.)

Fred BICAN a écrit:« La philosophie grecque gravite autour de cette idée fondamentale qu'une connaissance de plus en plus élevée peut permettre à l'homme de contempler la Vérité et de s'identifier à Dieu, ne serait-ce que pour un court instant. » v. Platon, Aristote, Plotin (J.BRUN, l'Europe philosophe, p.11).
Ainsi, c'est l'homme, qui par ses efforts intellectuels se hisse vers Dieu. Mais, cette rencontre avec le divin n'est pas satisfaisante, car elle est hasardeuse (pour Platon, la plupart des âmes choisissent mal leur réincarnation, de plus elle l'empêche d'aimer son prochain pour ce qu'il est, car l'Amour - Erôs - platonicien permet de contempler les qualités d'un être et ne s'adresse pas à cet être lui-même. BRUN, p.47) ou très brève (pour Aristote, le Désir - moteur essentiel du Cosmos - joint à l'intelligible, permettent à l'homme d'être un « dieu mortel », dont le plus grand bonheur est d'imiter Dieu. BRUN, p.58. Mais ce bonheur n'est qu'un moment éphémère de la vie, elle-même éphémère).
On perçoit chez ces penseurs grecs l'origine de l'idée qu'un progrès intellectuel et moral est possible (idée qui atteint son paroxysme avec le positivisme Comtien, du XIXe s.) et que ce progrès peut changer le monde des hommes (v. la tentative d'application politique de ses idées, par Platon à Syracuse).
La foi chrétienne réformée, en revanche, entérine avec lucidité la vanité de l'idée de nouveauté ou d'un réel "progrès" dans l'histoire humaine (Ecc.1:9 ), elle affirme que l'homme, acteur et victime de sa déchéance, ne peut se sauver lui-même de sa condition pécheresse, donc limitée et défaillante en tout point (v. doctrine du péché, ex. Rm3:10 et s.), ce qui inclut son activité intellectuelle et les résultats auxquels elle aboutit.

546.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Question 2 Lun 14 Nov - 13:58

Monnier

Monnier

2) En quoi la doctrine de la création est-elle importante pour notre approche de la philosophie ?
« Les récits de la Genèse invitent à une lucidité critique, car ils nous parlent du premier homme et de la première femme découvrant qu’ils sont nus (…) dans ce geste [celui de manger du fruit de l'Arbre de la Connaissance] du premier couple qui cherche à cacher sa nudité, se trouve en puissance l’histoire même de l’humanité... (J.BRUN, p.13). Les récits de la Genèse nous parlent également du "Commencement et du Transhistorique qui éclairent aussi bien la condition humaine que les efforts de l’homme pour la prendre en main, la refaire ou la dépasser… » (J.BRUN, p.17). « L’Eternel a chassé Adam et Eve du paradis, « car » eux-mêmes s’en étaient délibérément exclus ; tel est le message que la Genèse nous donne à méditer. Mais elle nous en délivre un autre par lequel elle nous permet d’entrevoir le Transhistorique que nous portons en nous et auquel nous n’échappons pas, non à cause d’un destin fatal, mais parce que nus le récrivons sans cesse en croyant nous en libérer… » (J.BRUN p.14) Toutes les philosophies « demeurent suspendues à ce « Au commencement était… », gros de tous les débuts dont les hommes prirent l’initiative en pensant pouvoir devenir des dieux capables de se sauver d’eux-mêmes. » (p.16) Mais pour la philosophie grecque qui va seulement au "début" mais non au "commencement", cette doctrine n’a aucun sens pour lui, le Dieu est un démiurge, un architecte qui n’a pas fait sortir l’univers du Néant, mais qui a façonné le chaos en le finalisant pour en faire le Cosmos… » (J.BRUN, p.21)

556.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty chapitre 2 - question 1 Lun 14 Nov - 14:04

Monnier

Monnier

Contrairement à l’A.T qui est dominé par l’idée de Révélation, dans la pensée grecque ce qui ressort c’est l’expérience du dévoilement. « Les philosophes grecs s’attachèrent à connaitre l’essence, c'est-à-dire la « nature » des êtres et des choses ; ils se posaient à ce sujet 3 problèmes étroitement liés : d’abord celui de l’origine de cette nature, ensuite celui de son statut dans l’ensemble du cosmos, enfin celui de sa destination. La naissance, les relations de l’Un et du Multiple ou de l’Etre et des êtres, et la mort constituent les trois volets du tryptique selon lesquels les philosophes grecs établirent leurs conceptions du monde » (J.BRUN p.18). Puisqu’ils respectaient toujours la nature des choses et des êtres, il ne se rencontrait pas chez eux de conception techniciste du monde qui aurait pu permettre à l’homme de se rendre maître et possesseur de la nature en la transformant à l’aide d’outils et de machines.

La période présocratique s’étend de VIIe au Ve av.J-C. Les philosophes présocratiques habitaient la grande Grèce (Ionie, Italie du Sud, Sicile). Il ne nous reste que des fragments de leurs œuvres connus par les citations qu’en firent leurs successeurs ou par ce qu’en disent les doxographes (compilateurs) comme Diogène Laërce et Stobée. La compréhension de leur pensée a donnée lieu à des interprétations abusives :
- Ils sont les timides précurseurs de la pensée scientifique moderne (historiens français)
- Ils sont des penseurs tragiques préoccupés par le problème des relations de l’Un et du Multiple (Nietzsche)
- Ils sont ceux qui ont médité sur les relations de l’Etre et des étants ainsi que sur la vérité définie comme dévoilement (Heidegger)

566.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 2 Lun 14 Nov - 14:15

Monnier

Monnier

Les présocratiques n’appartenaient pas à une école unique ; ils ne possédaient donc pas une unité de doctrine. Pourtant, il n’est pas impossible de voir chez eux des préoccupations communes. Leurs diverses visions du monde veulent dévoiler les racines du Cosmos et de nous initier aux drames mystérieux qui président aux relations de l’Un et du Multiple, de l’Etre et des êtres.

- Ils veulent expliquer la croissance naturelle (végétaux, animaux, minéraux) en cherchant son élément premier qui explique les différents phénomènes de l’Univers en tant que matrice, semence des êtres. Certains (Thalès, Anaximandre, Héraclite…) ont cru voir l’Un dans les éléments naturels (eau, air, feu) ; d’autres (Pythagore et ses disciples « les acousmatiques ») dans le nombre en tant que racine des proportions et de l’harmonie. Il raisonne sur les nombres comme éléments de l’organisation harmonieuse de toutes choses (J.BRUN p.28). Pour Anaximandre, la naissance procure le détachement de l’Unité primitive (qu’il nomme l’Indéfini, l’Apeiron, l’Indifférencié, l’Originaire) mais sa mort les réunit puisqu’elle est soumise au temps. Les éléates résolvent les problèmes de ces relations d’une manière radicale en niant le Multiple et le Devenir tenus par eux pour du non-être. Ce que reprendra le plus célèbre d’entre eux, Parménide pour qui l’Etre est et le Non-Etre n’est pas. L’Etre demeure alors que le Non-Etre, les errants existent, c’est à dire errent, sont en mouvements. Platon prend le contre-pied en disant que l’Etre n’est pas et que le Non-Etre est. Pour Héraclite d’Ephèse rien est en soi ni par soi car l’essence des choses varie selon les individus. « Le combat est père de toutes choses » ; la nature aime les contraires et sait en opérer la synthèse pour en faire une harmonie. Il insiste sur la notion de Devenir et non sur celle d’Etre. Tout s’écoule et rien de demeure. « L’héraclitéisme est une pensée du revenir plutôt que du revenir » (J.BRUN p.32). Pour les atomistes (Leucippe et Démocrite), l’origine du monde se trouve dans la nécessité et son fonctionnement est un mécanisme régit par des lois. Le perpétuel mouvement des atomes est la cause de tout. La nature s’explique par elle-même et ne fait intervenir aucun démiurge organisateur. Ils ont voulu faire de l’homme un être-dans-la-nature. Démocrite nous propose une vision complètement dédramatisée.

576.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 3 Lun 14 Nov - 14:17

Monnier

Monnier

« Il n’y a pas de séparation radicale entre l’homme et le transcendant ; les dieux habitent même souvent parmi les hommes, comme le font ceux des sources, des fleuves, de la mer, des vents ou de la terre, certains président même au destin des cités… le divin et l’humain sont si étroitement imbriqués l’un dans l’autre que Thalès de Milet pouvait dire : ‘Tout est plein de dieux’ » (J.BRUN p.20)

586.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 4 Lun 14 Nov - 14:24

Monnier

Monnier

« L’homme est la mesure de toute chose » disait Protagoras. Voici le principe fondateur des sophistes. C’est une philosophie basée sur le relativisme : « Telles les choses me paraissent, telles elles sont ; telles les choses te paraissent, telles elles sont » (J.BRUN p. 34)
Face aux sophistes qui prétendaient tout savoir et être capables de donner des leçons sur n’importe quel sujet (fondateurs de la rhétorique), Socrate (470-399) affirme son ignorance. Selon ses dires : « Il vaut mieux une ignorance qui se connait qu’une ignorance qui s’ignore » (J.BRUN p.36). Son désir n’est pas d’afficher une certaine connaissance mais de parvenir à une connaissance en intériorité. C’est le « connais-toi toi-même ». Socrate exprime par là que pour atteindre l’Etre il faut découvrir le chemin intérieur de la maitrise de soi par delà les apparences qui nous le masquent, pour nous faire parvenir jusqu’à la vérité qui se trouve en nous, Vérité que nous avons jadis contemplée face à face mais que nous avons oubliée. Lorsqu’il dispute avec les sophistes il est animé du désir de faire accoucher son interlocuteur de la vérité qui est en lui mais qui demeure masquée par les voiles de la sensation, de l’opinion et des préjugés.
Au fonds, pour Socrate, le salut s’obtient par la connaissance (le pécheur est un ignorant à qui il suffit de donner la connaissance nécessaire pour qu’il pense et agisse droitement). Kierkegaard lui reprochera à Socrate de n’avoir pas vu qu’il ne suffit pas de connaitre le bien pour le faire ; il y a en l’homme un mal radical dont aucune connaissance ne pourra le guérir. Contrairement à ses contemporains qui voient dans la beauté extérieure un reflet de l’âme, il refuse de voir dans l’apparaitre, la manifestation de l’être ; il nous invite à une quête en intériorité.

Monnier

Monnier

Au sujet du Logos, est-il intéressant et important de rappeler que les Sophistes l'avaient écartés à toute référence transcendantale pour le considérer comme un objet qu'il utilisaient à leur fin: manipuler l'opinion par la rhétorique

obarrucand

obarrucand

Bonjour à tous,`

Merci Sylvain pour l'éclairage de Jean Guitton sur la pensée de Platon.

Personnellement c'est ce point que je mettrai en avant : sa tentative de synthèse entre philosophie de l'Etre et philosophie du devenir (tenir Parménide dans une main et Héraclite dans une autre). Il propose que le Devenir est dans le monde sensible quand l’Etre est dans le domaine intelligible. Nous sommes avec un monde de l’intelligible qui est le monde des Idées, qui est l’archétype de la réalité. C’est d’après les Idées que sont formés les objets du monde visible.

Fred a expliqué pourquoi cette théorie est à la fois réaliste et idéaliste et, pour ma part et peut être en anticipation de la question 6, c'est ici l'un des grands problèmes des Idées platoniciennes. Elles introduisent en effet un dualisme global entre monde des idées et monde sensible, dans l’homme entre son âme et son corps, entre l’éthique et la politique.



Dernière édition par obarrucand le Lun 14 Nov - 14:58, édité 1 fois

616.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 5 Lun 14 Nov - 14:57

Monnier

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Pour comprendre pourquoi la théorie des Idées a dominé toute la philosophie de Platon, il convient de mentionner trois évènements qui l’ont influencé. Premièrement, il « fut confronté…au drame de la liquidation du pythagorisme » (J.BRUN p.41) La Mesure laisse sa place à la quantité et l’homme se trouve exposé à tous les désordres. Deuxièmement, il « fut…le témoin de la déchéance du Logos » (J.BRUN p.41) des sophistes. Son combat sera de s’opposer à l’art de la rhétorique qu’il considère comme une manipulation sur les âmes et les consciences. La rhétorique des sophistes fera place aux mythes platoniciens que le philosophe utilise comme « moyen de parler de l’Ineffable et de nous rapprocher de ce devant quoi le langage humain ne peut que s’arrêter » (J.BRUN p.41). Dernièrement, il a vécu le drame de la mort de Socrate, son maître. Face à ce scandale, la mort d’un juste par l’injuste (la cité athénienne), il se posera la question clé qui se trouvera au cœur de son œuvre politique : « Comment empêcher le retour d’un tel scandale ?» (J.BRUN p.41)

La théorie des Idées doit se placer dans la confrontation qui oppose Parménide et Héraclite sur l’Etre et le Devenir mais aussi par rapport à l’idée des atomistes « qui voulaient rendre compte du mouvement ; des choses et de la nature en termes de mécanismes et de combinaison d’atomes » (J.BRUN p.42) ainsi que de la non réponse des éléatistes au sujet du fourvoiement des hommes dans l’erreur dans leur quête du vrai.
Pour Platon, il faut se convertir, se « détourner du visible qui aveugle, pour rechercher l’Invisible qui éclaire, tel est le sens de la célèbre allégorie de la caverne » (J.BRUN p.43). Par cette conception, Platon rejette tout empirisme. Ce qui est vrai, ce qui reste ce sont les Idées. La théorie des idées cherche à saisir l’essence permanente de toute notion. Elle est à la fois un idéalisme (car les objets sensibles n’y sont pas tenus pour des réalités véritables mais pour des apparaître qui ne sont pas porteur de sens) et un réalisme (car l’Idée est une réalité et non une simple manière de penser).

626.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 6 Lun 14 Nov - 15:30

Monnier

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Comme le christianisme, Platon croit que la nature humaine, méchante, est corrompue et séparée de Dieu. Pour lui, la vie de l’homme sur la terre n’est au fonds qu’une mort puisque l’âme est prisonnière du tombeau du corps. Dès lors, il considère que l’Amour est le « rassembleur et le guérisseur de la nature humaine » (J.BRUN p.46). Mais pour lui, l’Amour avec un grand A fait référence aux qualités humaines de l’être et non à cet être lui-même. Est-il anachronique de parler d’humanisme ? Quoiqu’il en soit selon la perspective biblique et calviniste l’homme est dépravé totalement. Il n’y a rien de bon en lui. L’amour est non seulement la perfection centrale de Dieu mais Dieu est amour. Un amour qu’il a manifesté en donnant son Fils pour tout réconcilier avec Dieu. Pour être réconcilié avec Dieu et nous-mêmes (Platon disait « auparavant nous étions un ; mais aujourd’hui, conséquence de notre méchanceté, nous avons été par le Dieu Dieu dissociés d’avec nous-mêmes » ; J.BRUN p.47) il faut être au bénéfice de cet amour en recevant par la foi dans nos cœurs, Christ, objet de l’amour du Père.

636.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 7 Lun 14 Nov - 16:01

Monnier

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Aristote a soif de vérité (cf. « il mettait l’amour de la vérité au-dessus de l’amitié qu’il portait à son maître. » J.BRUN p.50) Philosophe du concret et de la nature, il reproche d’une part à Platon de « dire des choses vides et de faire des métaphores poétiques » en utilisant des mythes à titre d’explications allusives. (J.BRUN p.50). D’autre part, il lui fait le reproche d’avoir « séparé les idées » car celles-ci (J.BRUN préfère parler de ‘formes’ pour Aristote et non d’idée) appartiennent à l’individu composé de matière et de forme, deux notions qu’il considère comme indissociables. La conception d’un monde divin intelligible de formes n’est pas.
Outre ces reproches, leurs pensées divergent sur trois points capitaux :
1/ le langage : Platon lui accorde une dimension verticale (le langage relie l’homme à la transcendance du Logos mais est aussi source de l’erreur et du mensonge) ; Aristote lui donne une dimension horizontale (le langage n’est qu’emboitements de concepts tirés de la réflexion)
2/ l’âme : le maitre qui se situe dans une perspective eschatologique défend l’immortalité de l’âme. Pour se faire, celle-ci doit se libérer de son enveloppe corporelle. La démarche du disciple se situe davantage dans un cadre psychologique car il s »’intéresse uniquement aux messages que l’esprit reçoit du monde extérieur par l’intermédiaire des sensations, aux associations de perceptions et d’images qui sont à la source de la réflexion » (J.BRUN p.51
3/ le monde : le premier, penseur tragique (dramatisation du monde), conçoit le monde comme une histoire, le second, penseur finaliste (le vrai connait par les causes, Dieu est la Cause), comme un système.

646.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty oubli question 7 Lun 14 Nov - 16:02

Monnier

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En conclusion : « Alors que la sensation et l’opinion étaient pour Platon les deux principaux écrans qui nous masquaient la vérité, Aristote les tient pour les chemins fiables qui nous y conduisent. » (J.BRUN p.53)

656.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 9 Lun 14 Nov - 16:33

Monnier

Monnier

En prenant l’exemple d’une statue dans les mains du sculpteur, voici les 4 causes de la théorie aristotélicienne de la causalité :
1/la cause matérielle (la matière qui compose la statue)
2/la cause formelle (la forme de la statue)
3/la cause efficiente (la main du sculpteur nécessaire pour qu’il y ait une statue)
4/la cause finale (telle statue a été sculptée pour tel endroit) qui est la cause essentielle

666.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 10 Lun 14 Nov - 17:16

Monnier

Monnier

Dans l’histoire de la philosophie, l’empirisme d’Aristote fut repris à bien des égards. Mais dans ce domaine deux choses sont à retenir. La première ; sa « philosophie première », née de son étude sur la causalité donnera naissance à de nombreuses investigations dans le cadre de la métaphysique qui posera la question : quel est le Moteur non mû, le premier Moteur, l’Acte pur ? Voltaire parlera d’un « horloger », les déistes du XVIIIème et les révolutionnaires le définiront comme l’Etre suprême. LA deuxième : le « en puissance » d’Aristote (la génération vient du non-être) sera les prémisses du « travail négatif » dans l’hégélianisme (le devenir est la synthèse de l’être et du non-être puisque le devenir relie l’être d’une chose au non-être de ce qu’elle deviendra).
Dans l’histoire de la théologie, « Des théologiens pensèrent trouver dans l’aristotélisme un art de penser qui pouvait être mis au service de la propagande en faveur de la foi, ainsi qu’une vision du monde utilisable pour faire comprendre que la nature était une langue que Dieu parlait aux hommes » (J.BRUN, p.57). De l’âme inspira de nombreux théologiens chrétiens.

676.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 11 Mar 15 Nov - 13:41

Monnier

Monnier

Les 3 nouvelles écoles que sont le scepticisme, le stoïcisme et l’épicurisme surgirent vers 300 av.J-C dans un contexte particulier. Athènes n’est plus ce qu’elle était ; le platonisme a perdu de sa grandeur, les sages ne considèrent plus la raison et les sens comme chemins pour parvenir à la vérité. « Aux consciences désemparées qui cherchent la consistance mais ne rencontrent que la précarité et le doute … le stoïcisme et l’épicurisme vont s’efforcer d’apporter des certitudes apaisantes. Toutes deux sont des naturalismes qui ont un même programme : parvenir à l’équilibre de l’ataraxie » (J.BRUN p.61).

1/Le père du scepticisme est Pyrrhon (365-275) dont les idées ne sont contenues dans aucun écrit mais parvenues par Timon de Phlionte et probablement Cicéron. Le scepticisme défend l’idée que « des raisons de forces égales peuvent être opposées à toute opinion, aucune ne vaut plus qu’une autre » (J.BRUN, p.60). L’homme est donc conduit à suspendre son jugement ; cela le conduira « à une sagesse qui se définit toujours par des négations (…) nous devons nous en tenir à l’indifférence, à l’inaction, conditions essentielles pour parvenir à l’absence de passions et à l’absence de troubles appelée ataraxie » (J.BRUN, p.60).

2/Le père du stoïcisme (ou philosophie du Portique) est Zénon de Cittium. Les œuvres des stoïciens étant perdues, on ne connait leurs idées que par des citations ou des compilations de doxographes comme Diogène Laërce. Le système stoïcien attend « la sagesse d’une connaissance de la nature impliquant une logique qui porte sur les connexions d’évènements. Logique, physique et morale se soutiennent mutuellement ; la première apprend à connaitre le nœud des causes, la deuxième permet de prendre conscience de l’harmonie et de la sympathie qui règnent dans le monde, la troisième nous enseigne que la paix et l’ataraxie naissent d’un acquiescement de l’âme à la structure et au cours des choses organisés par la Raison suprême. » (J.BRUN, p.62). Le stoïcisme identifie Dieu, la Providence toute-puissante à la nature et la raison avec lesquelles l’homme doit vivre en parfait accord (on parle de « représentation compréhensive » et de « cosmopolitisme » J.BRUN pp.62-63) pour atteindre la sagesse et le bonheur envisagés comme ataraxie.
« La philosophie du Portique tient finalement en trois points ; Tout d’abord, le Destin est providentiel, il ne fait qu’un avec la vie du monde et de Dieu. Ensuite, la sagesse est une soumission au Destin, un acquiescement à la vie du cosmos ; alors que la passion est un antidestin. Enfin,…le stoïcisme oppose le ne s’étonner de rien que le philosophe doit prendre comme règle de pensée et de vie » (J.BRUN p.64).

3/Le père de l’épicurisme est Epicure. La communauté originelle se regroupant autour du philosophe cherchait la paix et le calme loin des discussions oisives. Cette école, contemporaine du stoïcisme l’a critiquera bien souvent. A l’instar des stoïciens, Epicure voit dans la communion avec la nature la source de l’ataraxie. Mais celle-ci se trouve également par la sagesse dont la canonique constitue un des aspects. Elle apprend à « connaitre ce que les choses disent d’elles-mêmes » (J.BRUN p.65). Dans ce sens on peut dire que l’épicurisme est un « chosisme » parce que ce qui est réel c’est ce que nous percevons des choses par nos sens. Une autre des composantes de la sagesse épicurienne est la physique qui avec sa fonction de dédramatisation permet d’ « exorciser la crainte inspirée par des phénomènes célestes ou terrestres » (J.BRUN p.66) Dans ce sens on peut dire que l’épicurisme est un « atomisme ». « Cette dédramatisation de la nature se prolonge dans la conception épicurienne du temps…`l’accident des accidents’ » (J.BRUN p.66) dont il ne faut pas se soucier. « Une telle dédramatisation…est couronnée par la conception épicurienne de l’âme…corps composé d’un souffle, de feu, d’air et d’un quatrième ‘élément sans non’ qui propage les mouvements porteurs de sensations aux autres éléments de l’âme et au corps tout entier » (J.BRUN p.66).
L’épicurisme est une philosophie « de la sensation et de l’immédiat » (p.66) pour laquelle le Bien se réduit au « plaisir en repos » (p.66), loin des foules.

686.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Chapitre 2 -Question 12 Mar 15 Nov - 13:57

Monnier

Monnier

Les deux expressions sont : « Il faut fuir seul vers lui seul » (l’extase libératrice implique une plongée dans l’émanation issue du Principe suprême et une remonté jusqu’à ce Principe) et « retranche toute chose » (l’âme doit sortir de soi pour découvrir le Principe et la Source)

696.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty chapitre 2 - question 13 Mar 15 Nov - 14:11

Monnier

Monnier

D’après le modèle de Dédale, père de l’outil et de la technique, l’homme médiéval occidental croit en la libération existentielle par l’outil et le salut par l’action.
D’après le mythe de Prométhée, l’homme médiéval occidental a cherché à capturer la puissance motrice du feu.

706.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty Platon et Aristote Mer 16 Nov - 14:29

sylvainguiton

sylvainguiton

Je me permets de revenir un peu en arrière (!) pour vous proposer le tableau suivant :

6.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Captur12

sylvainguiton

sylvainguiton

Certains ont vu dans sa philosophie « un art de penser qui pouvait être mis au service de la propagande en faveur de la foi, ainsi qu’une vision du monde utilisable pour faire comprendre que la nature était une langue que Dieu parlait aux hommes »
L’idée des deux intellect a été réinterprétée à la lumière de la théologie chrétienne (pensée de Dieu en l’homme)
Il a inspiré les sciences naturelles

3 domaines ont été particulièrement influencés par sa pensée :
une philosophie du désir comme moteur essentiel du cosmos et de la nature.
l’homme vu comme un dieu mortel, qui doit dans la mesure du possible « se rendre immortel » p 58
amorce d’une philosophie de la technique et du progrès. Contrairement à Platon, vision positive du temps, allié de l’homme. « tout homme peut ajouter à ce qui a été laissé incomplet » p 59
le Premier moteur : une idée clé pour le progrès technique

726.05 Philosophie pour théologiens - Page 3 Empty A propos de l'épicurisme Mer 16 Nov - 14:47

sylvainguiton

sylvainguiton

Pour compléter la synthèse de notre ami "Monnier" (quel est ton prénom ?), un extrait de l'interview donné par Pierre Hadot (spécialiste du sujet) sur le site de Philosophie magazine, qui va à l'encontre du cliché habituel sur l'épicurisme :

« On oppose souvent l'austérité des stoïciens à l'hédonisme des épicuriens. Pour vous, ce sont les deux faces d'une même médaille.
Les épicuriens sont assimilés au plaisir. Mais il faut voir ce qu'ils entendent par plaisir, ce n'est pas très rigolo. Le plaisir pour eux, c'est la cessation de la douleur. Si les âmes sont malheureuses, c'est parce qu'elles ne savent pas limiter leurs désirs. Eux, ils limitent leurs désirs à ceux qui sont naturels et nécessaires, et éventuellement naturels et non nécessaires. Mais ils ne se refusent aux plaisirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires. C'est une ascèse assez austère, qui vise à libérer l'homme de ses craintes et de ses contraintes. On pourrait dire avec Goethe et Kant que, dans la vie, il faut tantôt adopter une attitude épicurienne, tantôt stoïcienne, dans la mesure où il est des circonstances où il faut se détendre comme un épicurien, et des circonstances de « tension », malheureusement souvent tragiques, où il faut être fort et actif en faisant consciencieusement son devoir comme un stoïcien. »

obarrucand

obarrucand

Pour ce qui est de la philosophie, je cite (P. KUNZMANN, F.-P. BURKARD, F. WIEDMANN, Atlas de la Philosophie, Encyclopédies Le Livre de Poche d’Aujourd’hui, 1993, p.49) : « La métaphysique d’Aristote aura été la première systématisation, dans l’histoire de la pensée occidentale, de la théorie de l’être, de ses catégories, de ses modalités et de ses applications concrètes : la conception du mouvement, de l’être immobile (Dieu), de la forme et de la matière, de la puissance et de l’acte, ainsi que des différentes causes, fera de cette métaphysique, la source même de toutes les questions futures. »

L’influence d’Aristote en théologie va être très importante au 12° et 13° siècle : les théologiens médiévaux reprennent la question d’Aristote transposée à Dieu qui devient la question de l’ « être » de Dieu. Au XIII° siècle l'oeuvre d'Aristote fait son entrée à l'Université de Paris et c'est la survenue d'une vison du monde pré-chrétienne, qui se pose comme un système pensant tout, dans une société chrétienne. Face à cette venue les réactions iront de l'acceptation totale au rejet total avec entre les deux Thomas d'Aquin qui va rechercher une synthèse et une réconciliation en développant un aristotélisme chrétien.

Jean Brun souligne que certains ont pensé qu’Aristote proposait aussi une vision du monde qui pouvait faire comprendre que la nature était une langue que Dieu parlait aux hommes. De là des implications apologétiques pour ces personnes.

obarrucand

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Le général désigne ce qui ne peut être modifié par des facteurs comme la culture, la psychologie individuelle ou les circonstances, mais qui est parfait et immuable. On peut aussi parler d’universel ou d’absolu.

Le particulier est ce que nous rencontrons dans la réalité qui nous entoure qui fait que chaque chose est différente de celle qui lui est voisine.

Il n’y a de science que du général car c’est à ce niveau que la science peut être universelle, qu’elle peut décrire tous les particuliers. Le Cheval d’Aristote avec un C majuscule est celui qui décrit tout ce qu’un cheval doit avoir pour être appelé cheval et non pas chien. Mais ce cheval n’existe pas dans la réalité.

Il n’y a d’existence que du particulier car aucun cheval de la réalité ne peut être pris comme universel pour décrire tous les chevaux.

La grande question qui va se poser et que Jean Brun signale est la suivante : l’être est-il uniquement propre au général et dans ce cas-là le particulier dépend entièrement du général ou alors le particulier est-il le seul à avoir une existence concrète et le général n’est alors qu’un nom que l’homme invente ?

Fred BICAN

Fred BICAN

obarrucand a écrit:Jean Brun souligne que certains ont pensé qu’Aristote proposait aussi une vision du monde qui pouvait faire comprendre que la nature était une langue que Dieu parlait aux hommes. De là des implications apologétiques pour ces personnes.

Très intéressante question, qui dans l'histoire des sciences, interpelle chacun et offre aux chrétiens un argument apologétique massue : pourquoi le monde dans lequel nous vivons est-il intelligible ?
Comment des équations abstraites développées en mathématique, sans relation aucune avec les phénomènes naturels, trouvent-elles leur application ensuite dans l'explication de la nature elle-même ?
Par exemple, lorsque Stephen HAWKING cherchait à élaborer le concept astrophysique des trous noirs, il a trouvé dans les recherches du mathématicien PENROSE, un modèle mathématique parfaitement adapté ! (V. "Une brève histoire du temps").
Pourquoi l'homme est-il capable de comprendre le monde qui l'entoure ?
Indépendamment du christianisme s'est développé un concept d'anthropie (l'évolution de l'univers est téléologique, son but était de produire l'homme), qui s'exprime notamment aujourd'hui aux USA, à travers le courant (très décrié en France) de l'Intelligence Design.
Mais, le chrétien ne doit pas tomber dans le danger de justifier l'adaptation de l'univers à son intelligence, en se déifiant lui-même. Comme l'affirmera DESCARTES, c'est l'existence et l'action de Dieu, qui expliquent que je puisse comprendre la création, dont je fais partie.

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