« La philosophie grecque gravite autour de cette idée fondamentale qu'une connaissance de plus en plus élevée peut permettre à l'homme de contempler la Vérité et de s'identifier à Dieu, ne serait-ce que pour un court instant. » v. Platon, Aristote, Plotin (J.BRUN, l'Europe philosophe, p.11).
Ainsi, c'est l'homme, qui par ses efforts intellectuels se hisse vers Dieu. Mais, cette rencontre avec le divin n'est pas satisfaisante, car elle est hasardeuse (pour Platon, la plupart des âmes choisissent mal leur réincarnation, de plus elle l'empêche d'aimer son prochain pour ce qu'il est, car l'Amour - Erôs - platonicien permet de contempler les qualités d'un être et ne s'adresse pas à cet être lui-même. BRUN, p.47) ou très brève (pour Aristote, le Désir - moteur essentiel du Cosmos - joint à l'intelligible, permettent à l'homme d'être un « dieu mortel », dont le plus grand bonheur est d'imiter Dieu. BRUN, p.58. Mais ce bonheur n'est qu'un moment éphémère de la vie, elle-même éphémère).
On perçoit chez ces penseurs grecs l'origine de l'idée qu'un progrès intellectuel et moral est possible (idée qui atteint son paroxysme avec le positivisme Comtien, du XIXe s.) et que ce progrès peut changer le monde des hommes (v. la tentative d'application politique de ses idées, par Platon à Syracuse).
La foi chrétienne réformée, en revanche, entérine avec lucidité la vanité de l'idée de nouveauté ou d'un réel "progrès" dans l'histoire humaine (Ecc.1:9 ), elle affirme que l'homme, acteur et victime de sa déchéance, ne peut se sauver lui-même de sa condition pécheresse, donc limitée et défaillante en tout point (v. doctrine du péché, ex. Rm3:10 et s.), ce qui inclut son activité intellectuelle et les résultats auxquels elle aboutit.