Descartes cherche la vérité, mais une vérité « naturelle » qui se trouve en l’homme, et que l’on ne peut atteindre par les sens ou l’imagination, qui sont trompeurs. Cette vérité est « ce que l’homme comprend » (p. 168) et s’impose à l’entendement sans autre référent qu’elle-même.
Les mathématiques sont l’exemple de ces vérités qui s’imposent sans recours aux sens ou à l’imagination, et c’est à partir d’elles que Descartes appréhende le monde. Il les applique à la physique, mettant au centre les notions de mesure, de calcul (il « déthéologise » la nature- p170)
Pour lui, l’homme peut se sauver lui-même par la connaissance rationnelle, en conduisant correctement sa raison. « L’homme n’est plus perdu, il est égaré ». « Il suffit de bien juger pour bien faire ».
La méthode cartésienne repose sur une mise en cause systématique des sources traditionnelles de la vérité. Descartes se détache d’abord (dans l’intention du moins, car il a beaucoup pris à la pensée médiévale) de tout héritage philosophique.
Puis dans sa recherche de vérité, il met en doute, l’un après l’autre, les sens, l’imagination, les vérités mathématiques même. A la fin, seul demeure l’esprit, le « pur esprit », car pour douter il faut penser, et pour penser il faut un esprit. Celui-ci est donc le noyau dur, ce qui ne peut être nié, le point d’appui à partir duquel on pourra construire : voilà le « cogito ergo sum ».
Il y a là une dimension théologique car ce « noyau dur » ne vient pas de l’homme : c’est une « semence de vérité » qui a été implantée en lui. C’est pourquoi la déduction suivante est : « je pense, donc je suis, donc Dieu est », car un esprit fini ne peut avoir conçu les idées d’infini et d’éternité : il faut qu’un Parfait les ait implantées en lui de façon innée, comme la « marque du créateur sur son ouvrage » (on pense bien sûr à l’imago dei). Ce Dieu ressemble fort au « Dieu des philosophes et des savants » évoqué par Pascal.