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Ch. 5 (section III), Q25 : Quelle est la portée du positivisme sur la philosophie de l'histoire ? Quelle sont la place et les caractéristiques respectives de Marx et Darwin ?

4 participants

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Fred BICAN

Fred BICAN

Le Positivisme, formulé par Auguste Comte (1798-1857) affirme sa confiance dans la « science […] seule capable de guérir l'humanité de l'erreur et de la faute ». (p.301)
Comte veut définir par l'étude de la marche de la civilisation, la « vraie doctrine finale » qui solutionnera de façon scientifique la politique. (p.302)
L'Histoire suit donc une pente résolument ascendante, qui conduit l'homme de l'enfance (antique) à un âge adulte (contemporain) où le progrès va finir par faire disparaître tout mal. L'Histoire exprime par son irrésistible progrès, l'auto-rédemption de l'humanité par la science.

Karl Marx (1818-1883) "s'insurge au nom de la dignité humaine contre le processus de déshumanisation propre au capitalisme."(p.308)
Il tente de constituer « la Science de l'homme, de la nature, de l'Histoire, de l'économie et de la politique » en s'inspirant de la dialectique hégélienne, à laquelle il emprunte les idées de travail de négatif et la dialectique du maître et de l'esclave. (p.309)
Son matérialisme historique affirme que « ce que sont les individus dépend des conditions matérielles de leur production ». (p.309)
Sa pensée proclame :
1° un messianisme politique : société paradisiaque sans classes ;
2° un « sens de l'histoire » indiqué par la lutte des classes ;
3° une lutte finale à venir où le prolétariat sera le sauveur ;
4° une sacralisation du collectif : la base ne se trompe pas ;
5° une opposition des matérialistes aux idéalistes ;
6° une invitation à changer le monde ;
7° un scientisme autoritaire et censeur des autres approches dénoncées comme non-scientifiques.
« Marx veut libérer l'homme de l'assujettissant pouvoir de l'économie, mais il cherche cette libération dans l'économique même auquel il confère un pouvoir quasi rédempteur. » (p.311)

Charles Darwin (1809-1882) reprend une idée qui l'a précédé (Vanini, Diderot, Goethe, les théosophes,...) en tentant de l'asseoir scientifiquement. Mais pour BRUN « cette ''théorie'' s'est imposée parce qu'elle était surdéterminée par tout autre chose que par des démonstrations scientifiques qui lui font totalement défaut. » (p.312)
« Au Deus ex machina que l'on dénonce, on substitue une ou plusieurs monères primitives qui se seraient développées en passant par des séries successives de préhominiens […] contenant l'homme en puissance […] qu'une sélection naturelle, c'est-à-dire une nature sélective, aurait fait lentement passer de la puissance à l'acte ». (p.312)
L'homme peut désormais lire l'Histoire sans recours au mystère. Il est le produit de ses propres acquisitions et place sa confiance dans le temps nécessairement générateur de progrès. (p.312)
« L'évolution devient ainsi une sorte de Rédemption en marche où le Dieu vivant a cédé la place à une vie déifiée ». (p.312)

obarrucand

obarrucand

Le positivisme d’Auguste Comte est un rationalisme intégral où la science est la seule planche de salut donnée à l’homme.
Selon le positivisme, l’humanité est parvenue dans son âge adulte, positif et réel, et la science y explique les phénomènes sans recourir aux dieux ni aux causes mais en introduisant la notion de loi, c’est-à-dire de rapport rationnel, abstrait, quantitatif et nécessaire. En bâtissant une science politique sur cette loi, il est possible pour l’homme d’agir sur la nature et de la transformer, de « savoir pour pouvoir afin de prévoir ». C’est la possibilité de programmer pour réorganiser scientifiquement la société, la refondre totalement pour faire venir le paradis du Terre. Dans cette conception l’homme est une abstraction, c’est l’humanité qui est considérée comme le nouveau Grand Etre et le Nouveau Dieu.

Karl Marx se place à la suite d’Auguste Comte quand il souhaite à son tour fonder scientifiquement la politique.
Dans cette approche, la loi qu’observe Marx et sur laquelle il veut fonder sa politique est que « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, c’est la vie qui détermine la conscience » : les superstructures, façons de voir, de penser, sont le produit des infrastructures, les données socio-économiques. Ainsi, en changeant les données socio-économiques on changera donc les façons de penser.
Marx développe une politique où le sens de l’histoire naît de la loi de la lutte des classes donnée pour le moteur du devenir social. Il y a là une « vision dialectico-apocalyptique » annonçant la venue prochaine de la « lutte finale » à l’occasion de laquelle le prolétariat à sauver se transformera en sauveur, avec une sacralisation du collectif, un manichéisme qui oppose matérialistes et idéalistes, un prométhéisme qui invite à changer le monde, et un scientisme infaillible et dispensateur de certitudes indiscutables où le marxisme est la Science.
Le succès du communisme a été d’apparaître comme un mouvement porteur d’un message de prospérité et de bonheur terrestres annoncé par « ceux qui savent ».

A propos du Darwinisme je m’exprime directement sur l’évaluation que l’on peut en faire.
Le Darwinisme essaye de remplacer le but par la cause pour ainsi donner une explication de la présence de l’adaptation dans l’univers. Cela va contre l’argument téléologique de l’existence de Dieu. Mais faisant cela, il ne se donne donc que la matière, l’énergie et le mouvement. Et les trois réunis ne suffisent pas à fournir des causes. L’idée de direction est tout de même nécessaire, et elle n’est pas concevable sans l’idée de dessein.
L’évolutionnisme marche dans un sens imperfection vers perfection quand le récit biblique est dans le sens contraire à cause de la chute.
Darwin a voulu répondre aux questions métaphysiques de l’Etre en récusant la Genèse et en la remplaçant par la génétique. Mais face au polygénisme, il faut souligner qu’un des bienfaits du Darwinisme est le maintien de l’unité de la race humaine.
L’évolution est une Rédemption en marche où le Dieu vivant a cédé ici la place à une vie déifiée.
Aujourd’hui l’évolutionnisme comme philosophie a été critiqué et mis par le post-modernisme au rang des grands récits englobants. Sa vision globale a été abandonnée, on reparle d’histoire de l’univers, et son pouvoir unificateur perdu laisse la post-modernité quelque peu désemparée.

sylvainguiton

sylvainguiton

Le positivisme, qui ne conçoit d'autre vérité que celle de la Science, voit l'humanité comme un « grand être » qui, après l'enfance de l'Antiquité et ses mythes, l'adolescence médiévale et sa métaphysique, est parvenue à l'âge adulte pour ne plus percevoir le réel qu'avec un regard rationnel, scientifique. C'est ce que J. Brun nomme « une institutionnalisation radicale de la vérité dite scientifique » (p. 299) Tout est explicable par des lois physiques, et la science infaillible est la seule « capable de guérir l'humanité de l'erreur et de la fuite en lui ouvrant une route où la connaissance lui donnera conscience de ses pouvoirs »(p. 301). La foi dans la science, et par elle dans le Progrès humain est totale. (Dieu est le « dieu des failles », celui dont on invoque l'action chaque fois qu'on ne sait pas expliquer un phénomène. De fait, toute avancée de l'explication scientifique est un recul de « Dieu »).
L'une des conséquences est une « déchristianisation plus ou moins agressive » - l'homme enfin libre de son destin serait « délivré de toute transcendance », auto-divinisé.
Cette transcendance divine du christianisme est remplacée par des « ersatz » (p. 299) sensés donner « le sens de l'histoire » :
- chez Marx, c'est la lutte des classes qui est le moteur de l'histoire
- chez Darwin, ce sera la « sélection naturelle ».
A partir de là, être libre signifie connaître les déterminismes sociaux ou naturels qui nous font ce que nous sommes, pour mieux leur « obéir » (p. 300). Le marxisme comme le darwinisme font de l'homme « individuel, générique ou social, un produit (J. Brun dit aussi « un objet », d'étude par exemple) explicable à partir des éléments et des forces qui l'ont constitué » (p. 300)


Quelle sont la place et les caractéristiques respectives de Marx et Darwin ?

Ils jouent tous les deux un rôle capital (sans jeu de mot!).

- Marx : comme Comte, il a voulu « fonder scientifiquement la politique ». Mû par une indignation bien légitime devant le sort réservé aux ouvriers de son époque, il développe une explication matérialiste du monde (le matérialisme historique ») basée sur le concept de « lutte des classes » ; « ce que sont les individus dépend des conditions matérielles de leur production », càd « de ce qu'ils produisent et de la manière dont ils le produisent » (p. 309). Ces conditions matérielles (les « infrastructures ») déterminent la culture, l'art, la façon de penser, etc. (« les superstructures »).
Le conflit de la lutte des classes se trouve posé au cœur même de cette société industrielle qu'il voit s'affirmer au XIXe siècle et où s'opposent les possesseurs des moyens de production et ceux que l'on peut nommer les entrepreneurs de cette production, càd les ouvriers.
En comme, pour changer la culture et les mentalités, il faut changer les infrastructures, notamment en redonnant aux ouvriers la maîtrise de leur outil de production.
Autre idée clé : l'opposition travail/capital : en gros, l’antagonisme des classes y est conçu comme la raison de la transformation du monde, qui viendra de la lutte du travail contre le capital. Marx écrit : « Le capital est du travail mort, qui, tel un vampire, ne vit qu'en suçant le travail vivant, et vit d'autant plus qu'il en suce davantage ».
De fait, il propose une vision de l'histoire utopique, tendue vers les fameux « lendemains qui chantent », dans une société sans classes « quasi paradisiaque ». L'avenir sera radieux, la Rédemption viendra de la Révolution.
On retrouve là aussi un « scientisme infaillible », mais peu objectif puisque entièrement orienté selon la vision marxiste - donc rejetant toute conclusion qui s'oppose à cette vision.
On sait ce que ça a donné - et ce que ça donne encore !

- Pour Darwin, dont l'influence a été considérable elle aussi, le moteur de l'histoire se trouve dans les lois naturelles de l'Evolution. J. Brun dit fort justement que Darwin à « jeté les bases d'une nouvelle Genèse récusant celle de la Bible en lui substituant une génétique ». Cette vision satisfait aussi l’orgueil de l'homme puisque « non seulement il a ainsi le sentiment de pouvoir se passer de tout mystère, mais il a la satisfaction de se considérer comme le produit de ses propres acquisitions et de ne plus dépendre d'un Père créateur ».
Cette pensée amène là aussi à une philosophie du progrès humain ; « L'évolution devient … une sorte de Rédemption en marche où le Dieu vivant a cédé la place à une vie déifiée » (p. 312)

Cette théorie évolutionniste, dont J. Brun dit bien qu'elle a tendance à « faire passer ses hypothèses pour des conclusions » a eu des applications dans bien des domaines , dont la Critique Biblique que nous étudions cette année.

Pour approfondir la question des rapports foi/évolution, je vous suggère un tour sur le site du Réseau des Scientifiques Evangéliques du GBU, sous la houlette de L. Jaeger. Ces conférences donnent du grain à moudre, qu'on y adhère ou pas, c'est passionnant.
http://rescev.free.fr/index.php?page=ressources

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