Contrairement à Descartes, Pascal « pense l’homme en termes existentiels et religieux » (subjectivité vécue).
Premier aspect : réflexion sur la condition de l’homme sans Dieu. Considérant sa condition mortelle et précaire, l’univers immense dans lequel il est jeté, le peu de compréhension qu’il a de son devenir, l’être humain peut être assailli par un profond effroi. La question de sa justification le taraude : pourquoi est-il là ? Quelle est sa destinée ? Son existence est contingente, fruit de hasards en chaîne, et rien de ce que les hommes admirent (la richesse, le pouvoir) n’est venu d’une autre cause.
Cet effroi existentiel conduit bien des hommes au divertissement : poussés par une curiosité insatiable mais qui les détourne de l’essentiel, ils s’occupent à de nombreuses activités pour éviter de s’arrêter, et d’affronter la réalité de leur condition - notamment celle de la mort et de la profonde solitude existentielle qui est la nôtre quel que soit notre rang. « Tout le malheur de l’homme vient d’une seule chose, qui est de ne pas pouvoir demeurer en sa chambre » (une pensée que je trouve d’une extraordinaire modernité ! Et encore, dans le genre « se divertir pour ne pas penser » Pascal ne connaissait pas le smartphone !)
La raison même dont l’homme est fait ne résiste pas devant l’imagination (voir l’exemple du vertige : même si une analyse rationnelle de la situation vous dit qu’il n’y a pas de danger, vous titubez quand même). Son désir, son moi le pousse également à s’attacher à des objets futiles, à des apparences, au détriment de Dieu.
De fait, l’homme est une créature ambiguë, ni ange ni bête, perdue entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. La raison ne suffit pas à la sortir de ses propres abîmes.
Cette condition serait propre à porter au désespoir. Mais Pascal dans son « apologie » amène les regards non vers le Dieu rationnel et froid de Descartes, mais vers le Dieu personnel d’Isaac, Abraham et Jacob. Un Dieu vers lequel se tourner par la raison mais surtout avec le cœur. « La foi est un don de Dieu ; ne croyez pas que nous disions que c’est un don de raisonnement ».
La révélation chrétienne est au cœur de la pensée de Pascal. Dieu, qui est caché hors de notre portée et que la connaissance seule ne suffit pas à atteindre, a trouvé le chemin jusqu’à nous, en Jésus-Christ. L’homme pécheur qui renonce aux « apaisements » superficiels du monde peut trouver en lui la paix dans l’espérance.