Ch. 4-5. Q5. Que nous apprend la confrontation de Genèse et des autres textes anciens ?

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Tous ces récits, s'ils peuvent présenter des similitudes formelles et thématiques, témoignage d'échanges culturels anciens, sont surtout le reflet de visions du monde qui s’avèrent totalement différentes. Contrairement aux récits mythologiques du Proche Orient Ancien qui montrent souvent des dieux anthropomorphes, limités, liés aux éléments naturels ou dépendants des hommes, le récit biblique révèle un Dieu unique, qui contrôle les forces qui lui sont opposées, le cycle des saisons, la création entière.
Ce Dieu est partout, toute la terre lui appartient, et c'est lui qui se met au service de l'humanité
Il ne se contente pas d'exercer sa suprématie mais il s'engage à nous aimer à et à répondre à nos besoins.

La confrontation de la Genèse et des autres textes anciens met au jour des éléments fondamentaux pour comprendre le fait religieux :
- Tous les humains ont besoin d'accéder à Dieu
- Le sacrifice est un moyen d'accès
- La religion peut être à l'origine de la violence
- Deux erreurs religieuses essentielles peuvent être commises :
- croire que nous pouvons devenir comme Dieu
- penser que Dieu est loin et que nous pouvons trouver le moyen de l'atteindre

Des similitudes entre la Genèse et les autres récits nous pouvons premièrement retirer des indications sur le but de la Genèse. Non pas ceux d’explication des sciences physiques et de la biologie, mais une histoire « centrée sur la volonté de ceux qui sont impliqués dans la création » (p 70). Et la Genèse « exalte Yahvé en tant que seul Créateur de tout l’univers et de tous les peuples » (p 71).

Des différences entre la Genèse et les autres récits nous enseignent que la Genèse ne tient pas compte des autres dieux, qu’elle offre une vision différente de la finalité des êtres humains, qu’elle reconnaît l’existence de puissances opposées à Dieu dont la plus formidable est l’être humain lui-même.Enfin nous apprenons que les jugements de Dieu ont des causes variées.

Des similitudes et des différences entre la Genèse et les autres récits nous enseignent que l’auteur du livre « s’adressait à ses lecteurs en utilisant leurs modes de pensée [formes littéraires bien connues, histoires, images, catégories de pensée appropriées] mais il répondait également à leurs préoccupations immédiates (p 76), tout en « interpellant ceux qui croyaient à la véracité des autres histoires » en rédigeant ce qui tenait d’un « traité polémique » (p 76).

Je conseille la lecture du livre de Pierre Berthoud En quête des origines tiré de son cours sur Genèse 1-11 pour qui veut reprendre ce sujet.

La vision du monde que propose les récits babyloniens et cananéens étant très dissemblable de celle de la bible et nous aurions pu nous attendre à ce que l'auteur raconte des histoires très différentes et le fasse d'une autre façon. Mais pourtant l'auteur de la Genèse raconte une histoire similaire et aussi de manière similaire!

L'auteur a pris en compte non seulement le fait qu'il s'adressait à ses lecteurs en utilisant leur mode de pensée qui était en fait identique à la sienne mais aussi qu'il répondait également à leurs préoccupations immédiates.
Pour cela il a utilisé:
- des formules littéraires bien connues pour exprimer des idées: les gens appréciaient le langage et le rythme de ces histoires
- des histoires pour en contester d'autres: tout le monde pouvait voir que l'histoire de la Tour de Babel tournait en dérision celle du temple de Mardouk
- des images que les gens comprenaient: par ex. tout le monde savait qu'il existait des récits sur des dieux combattant les eaux
- des catégories de pensée appropriées: les gens pouvaient bien mieux comprendre l'histoire du serpent et de la chute que n'importe quel débat abstrait sur la tentation ou le péché
PS: merci a Olivier pour son rappel de lire le livre de P. Berthoud.

Malgré des similitudes de forme littéraire avec les épopées babyloniennes (création-Mardouk, déluge-Gilgamesh), nous voyons que le récit biblique de la Genèse : (p.77)
- conteste les récits religieux païens "concurrents" et leur vision monde ;
- affirme des concepts clairs et originaux notamment en rapport avec le Dieu Tout-Puissant et unique de la Bible, qui ne souffre aucune comparaison, ni aucun partage de pouvoir, mais qui se préoccupe des hommes (Noé), par grâce (Abraham).

Voir réponse question 4

Les récits nous apprennent sur les religions que l’homme a besoin de Dieu, que le sacrifice le rend possible, que la religion est origine de violence, que la créature reste différente du créateur, que l’homme peut vivre une foi véritable de repos et de marche avec son créateur (pas de mythes, pas de craintes, mais adoration pour l’œuvre de la création…).

Enfin ces textes enseignent à propos de la communication, en ce sens que le récit de la genèse use de formules littéraires bien connus, utilise une histoire pour en contester une autre (Babel et Mardouk), use d’images compréhensibles (autorité sur l’eau du déluge), et des catégories de pensée appropriées (serpent et tentation du péché).

Il y a des récits provenant des nations parlant des origines. Il y a des objectifs identiques, mais la Genèse montre la grandeur de l’Eternel en tant que seul créateur de l’univers et des peuples qui agit selon sa seule volonté et avec sa seule puissance en contrôlant le processus de la création et les peuples.
La Genèse ne tient pas compte des autres dieux et le but de Dieu est de bénir les hommes. Il y a des forces opposées au Dieu créateur, mais elles sont sous son contrôle. Le seul problème est l’être humain qui peut commettre le mal et à cause de ce mal, subir les jugements.
Les hommes ont besoin de relation avec Dieu et ils ont un moyen d’accès par les sacrifices à condition qu’ils lui plaisent. La violence vient du refus d’accepter une pratique religieuse déficiente. L’homme peut vouloir devenir Dieu et décider lui-même du moyen de l’atteindre. Mais c’est l’échec. Il y a une manière de marcher avec Dieu, et lui être agréable. Il faut accepter non de s’élever vers lui, mais de permettre qu’il vienne à nous afin que nous marchions avec lui.

La Genèse dit très peu de choses concernant les religions de l’époque, pourtant les peuples qui sont mentionnés avaient de nombreux dieux qui sont mentionnés dans les récits provenant de Mésopotamie. Ces textes sont assez semblables aux 11 premiers chapitres de la Genèse. On trouve notamment, l’épopée babylonienne de la création (Enuma Elish), et le récit babylonien du déluge (tiré de l’Epopée de Gilgamesh).

Nous apprenons que ces récits sont centrés sur la volonté de ceux qui sont impliqués dans la création. C’est une certaine vision de la terre qui est présentée, avec une explication sur l’existence des hommes. Les récits de la création se terminent sur une société humaine spécifique, alors que le texte de la Genèse exalte Dieu, le Créateur de tout l’univers et de tous les peuples.

Nous apprenons également que la Genèse ne tient pas compte des autres dieux. Il est fait mention que du seul Dieu créateur et Unique. La vision de la Genèse concernant la finalité des êtres humains est différente, car Dieu n’a pas besoin de l’homme, mais l’a créé pour qu’il soit à son image, et reçoive ses bénédictions. Contrairement aux autres récits qui présentent les dieux qui doivent se battre, le Dieu de la Genèse n’a pas besoin de se battre. Le seul qui se bat contre Dieu est l’homme. Si dans les récits babyloniens, il n’est pas fait mention des causes des jugements, la Genèse met l’accent sur la justice de Dieu et le péché de l’homme.

Les différences et similitudes entre Genèse et les autres textes anciens nous apprennent qu'une différence fondamentale n'est pas l'existence d'un ou plusieurs dieux, mais la possibilité de connaître le seul vrai Dieu. Cela explique aussi les ressemblances entre différents récits de création et de déluge. Les points importants sont aussi mentionnés page 71 s.

De plus, Genèse 1-11 soulignent un certain nombre de choses concernant la nature religieuse de l'homme :
- besoin d'accéder à Dieu ;
- nécessité du sacrifice pour accomplir cela ;
- le lien potentiel religion / violence (il faut ici noter les travaux fascinants de Réné Girard sur la violence sacrée et sa résolution dans la crucifixion, notamment Le bouc émissaire et Je voilais Satan tomber comme l'éclair. Voir aussi l'article de Paul Wells à ce sujet).
- les deux erreurs religieuses fondamentales (p. 74)
- deux thèmes importants de la foi / vie chrétienne : la marche et le repos.

La confrontation de la Genèse et des autres textes anciens nous apprend :
- que l'homme cherche à accéder à Dieu
- qu'il offre des sacrifices pour lui/leur être agréable
- que la violence résulte de l'approche religieuse
- qu'il cherche à devenir comme Dieu
- qu'il cherche à atteindre Dieu par ses propres moyens
- que l'homme peut marcher avec Dieu