Rappel du problème :
« il s’agissait de savoir si les idées ou les espèces étaient de simples mots permettant des classifications ; oui répondaient les nominalistes pour qui seuls existent des individus ; non, répliquent les réalistes pour qui les Universaux sont des réalités véritables . » p100
Roscelin situe le problème dans une perspective théologique ; nominaliste, ne reconnaissant de réalité qu’aux « choses » individuelles et non aux Universaux des Réalistes, il en vient à affirmer que la Trinité est donc composée de trois personnes distinctes, comme trois dieux différents.
La réflexion se poursuit chez Guillaume d’Occam (p.131 ss). La question ici est : « la connaissance porte—elle sur des choses ou sur des concepts généraux qui seraient eux-mêmes des choses ou qui ne seraient que dans notre entendement ? »
« Entre les choses et le pensé , il faut choisir ». Lui choisit les choses, car seul le particulier est réel. Les Universaux n’existent que dans la tête de celui qui pense, et ces concepts, ces « entités inutiles » finissent par encombrer la philo et la théologie. Il faut éliminer les « espèces » et les « genres » qui s’interposent entre notre vision et les choses que nous voyons. Car sinon, nous ne parlons pas vraiment des choses elles-mêmes ; nous passons par des signes et des concepts qui ne sont qu’une médiation.
C’est ainsi qu’Occam remet en cause la construction aristotélicienne par ex., avec tous ses concepts, ses démonstrations... Par la suite, avec l’existentialisme sartrien ou le structuralisme, par ex., on va la perspective d’Occam pour remettre en cause la réalité de tous les Idéaux, le Vrai, le Bien, le Beau – notamment au nom de la liberté, et du désir qu’a l’homme de créer ses propres valeurs.