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Aristote : 8) Comment comprendre chez Aristote cette affirmation : "Il n'y a de science que du général, d'existence que du particulier" (p.53) ?

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Admin
Fred BICAN
obarrucand
7 participants

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obarrucand

obarrucand

Ceci est le sujet d'ouverture de la huitième question posée par Yannick Imbert dans ce chapitre.


Cette question a déjà été abordée dans le forum, merci de mettre désormais toute nouvelle intervention dans ce sujet.
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obarrucand

obarrucand

Le général désigne ce qui ne peut être modifié par des facteurs comme la culture, la psychologie individuelle ou les circonstances, mais qui est parfait et immuable. On peut aussi parler d’universel ou d’absolu.

Le particulier est ce que nous rencontrons dans la réalité qui nous entoure qui fait que chaque chose est différente de celle qui lui est voisine.

Il n’y a de science que du général car c’est à ce niveau que la science peut être universelle, qu’elle peut décrire tous les particuliers. Le Cheval d’Aristote avec un C majuscule est celui qui décrit tout ce qu’un cheval doit avoir pour être appelé cheval et non pas chien. Mais ce cheval n’existe pas dans la réalité.

Il n’y a d’existence que du particulier car aucun cheval de la réalité ne peut être pris comme universel pour décrire tous les chevaux.

La grande question qui va se poser et que Jean Brun signale est la suivante : l’être est-il uniquement propre au général et dans ce cas-là le particulier dépend entièrement du général ou alors le particulier est-il le seul à avoir une existence concrète et le général n’est alors qu’un nom que l’homme invente ?

Fred BICAN

Fred BICAN

obarrucand a écrit:
Jean Brun souligne que certains ont pensé qu’Aristote proposait aussi une vision du monde qui pouvait faire comprendre que la nature était une langue que Dieu parlait aux hommes. De là des implications apologétiques pour ces personnes.

Très intéressante question, qui dans l'histoire des sciences, interpelle chacun et offre aux chrétiens un argument apologétique massue : pourquoi le monde dans lequel nous vivons est-il intelligible ?
Comment des équations abstraites développées en mathématique, sans relation aucune avec les phénomènes naturels, trouvent-elles leur application ensuite dans l'explication de la nature elle-même ?
Par exemple, lorsque Stephen HAWKING cherchait à élaborer le concept astrophysique des trous noirs, il a trouvé dans les recherches du mathématicien PENROSE, un modèle mathématique parfaitement adapté ! (V. "Une brève histoire du temps").
Pourquoi l'homme est-il capable de comprendre le monde qui l'entoure ?
Indépendamment du christianisme s'est développé un concept d'anthropie (l'évolution de l'univers est téléologique, son but était de produire l'homme), qui s'exprime notamment aujourd'hui aux USA, à travers le courant (très décrié en France) de l'Intelligence Design.
Mais, le chrétien ne doit pas tomber dans le danger de justifier l'adaptation de l'univers à son intelligence, en se déifiant lui-même. Comme l'affirmera DESCARTES, c'est l'existence et l'action de Dieu, qui expliquent que je puisse comprendre la création, dont je fais partie.

Fred BICAN

Fred BICAN

obarrucand a écrit:
Le général La grande question qui va se poser et que Jean Brun signale est la suivante : l’être est-il uniquement propre au général et dans ce cas-là le particulier dépend entièrement du général ou alors le particulier est-il le seul à avoir une existence concrète et le général n’est alors qu’un nom que l’homme invente ?

C'est la "Querelle des Universaux" qui déchire le Moyen Âge et révèle la lutte entre l'influence de :
- Platon (l'Idée générale, le concept, prévaut sur les objets particuliers), ce sont les "réalistes" (les "[concepts] Universaux" sont une réalité), parmi lesquels Albert le Grand, Jean Duns Scot, etc. ;
- et celle d'Aristote (il n'y a de réalité, que dans les objets concrètement observables eux-mêmes), ce sont les "nominalistes" (les "Universaux" n'ont de réalité que dans l'esprit de l'homme. Voir article de Wikipedia : "Universaux"), comme Guillaume d'OCCAM, qui pensent que « seul le particulier est réel » (BRUN, p.131-132)

5Aristote : 8) Comment comprendre chez Aristote cette affirmation : "Il n'y a de science  que du général, d'existence que du particulier" (p.53) ? Empty Le problème des universaux Mar 29 Nov - 7:11

Admin

Admin
Admin

Vous avez bien cerné le problème que la différence entre Aristote et Platon pose. C'est un problème qui, avec celui de l'Un/Multiple, va traverser les âges. C'est un problème qui demeure maintenant, même s'il est simplement mis de côté par la philosophie postmoderne qui considère, par exemple, le langage comme n'étant qu'un jeu.
Lorsqu'Aristote affirme qu'il n'y a de science que du général et d'existence que du particulier", Aristote est entrain de poser les bases de la connaissance "scientifique" du monde :

1) il n'y a d'existence que du particulier : pour Aristote les choses existent réellement. Il n'y a pas d'autre monde à aller chercher. Le sensible, l'expérience que nous en faisons, est la première condition nécessaire à la vraie connaissance.

2) mais, il n'y a de science que du général ... et non du particulier. Pourquoi ? Parce que sur la base de la connaissance sensible que nous avons du monde, Aristote va définir un certaine nombre de catégories qui vont l'aider à construire une manière de définir les caractéristiques de toutes les choses. C'est à dire : Aristote définit un moyen de construire et de définir le monde avec des catégories fondamentales (essence, quantité, qualité relation, espace/temps, position, l'avoir, l'action, la passion).

Ainsi, lorsqu'Aristote affirme qu'il n'y a de science que du général il ne se contredit pas ! En effet nous pourrions croire que cela contredit l'affirmation seconde que l'existence est seulement individuelle (ce qui semble nier la possibilité d'une science générale). En réalité pour Aristote, l'existence particulière des choses fonde la vraie connaissance générale. En cela Aristote pose les bases d'une connaissance systématique du monde.

Pour ce qui est du point important que plusieurs d'entre vous mentionnent (concernant les "universaux") ; la question est bien de savoir comment quelque chose peut exister "en soi", c'est à dire exister de manière indépendante des autres réalités, tout en demeurant compréhensible pour nous. Comment par exemple savoir ce qu'est un peuplier ?

- si Platon a raison : je ne suis pas obligé d'en avoir l'expérience pour le connaître. Ce qui est premier, c'est l'Idée "peuplier" qui est la source de toute existence de ces arbres particuliers. En quel cas, pouvons nous vraiment prétendre connaître ?
- si Aristote a raison : alors c'est l'expérience sensible qui est première. Je connais ce peuplier là et pas un autre. Je peux ensuite (avec les catégories aristotéliciennes) définir les caractéristiques d'un peuplier pour les connaître tous. Mais encore une fois : si l'expérience est première dans mon processus de connaissance, ne faut-il pas que je fasse l'expérience de tous les peupliers qui existent ?

Ceci pose la question de la référence du langage. Le mot "peuplier" désigne-t-il quelque chose d'universel : c'est à dire le mot lui-même est une réalité ? (réalisme)
Ou alors ce mot n'est il qu'un terme abstrait choisi par pure convention ? (nominalisme)

https://apologetique.forumgratuit.org

6Aristote : 8) Comment comprendre chez Aristote cette affirmation : "Il n'y a de science  que du général, d'existence que du particulier" (p.53) ? Empty L'expérience et l'idée Mar 29 Nov - 8:21

obarrucand

obarrucand

Et après le peuplier, monsieur le professeur pourra nous parler de l'expérience que l'on peut faire du cyprès de Provence au mois de février...
Dans ce cas-là je crois qu'il aimerait bien pouvoir connaître que l'idée du cyprès ... Smile

EMELIE Gabriel



Aristote déclare par cela que « les genres et les espèces n’existent pas par eux-mêmes et que seuls existent des individus ». L’individu est un composé avec une matière et par une forme. La matière est par essence informe, donc elle va pouvoir prendre toutes les formes et ainsi être individualisée par la forme qu’elle prendra ou que l’on lui fera prendre.

Paul Biancheri

Paul Biancheri

Aristote a affirmé la réalité du monde concret. J. Brun rappelle qu'il était un observateur minutieux des minéraux, végétaux et animaux et des différents vivants… p.53. Et en tant qu’érudit il aura aussi une démarche encyclopédique de classification des vivants.

- Pour établir cette classification il a bien fallu s'en référer à des principes, des méthodes générales de classification. Il a fallu généraliser et remonter "au Général" pour classifier.
D'ailleurs J. Brun souligne que pour Aristote le monde est comme une armée, organisée selon un ordre, et cet ordre existe bien en fonction du Général p.53.
Cette recherche du "Général", véritable science explique qu'Aristote ait pu conclure "Qu'il n'y a de science que le général".
- La 2ième partie de la phrase "et d'existence que du particulier" s'explique en partie par cette œuvre de classification. En effet en répertoriant et en classifiant selon des propriétés communes il démontre ainsi que ces choses existent puisqu'on a réussi à les répertorier!

- Mais cette affirmation au sujet du "général" et du "particulier" nous conduit plus loin.
Aristote considérera la forme comme l'acte qui vient individualiser la matière et qui constitue l'essence de tout être (par exemple la forme que donne le sculpteur à un morceau de marbre pour en faire une statue particulière). Mais cela n'est pas toujours possible à cause de la résistance et puissance de la matière.
Cette union de la matière qui est puissance avec la forme qui est l'acte sera le point de départ de la théorie sur la causalité.

Florence Bruno

Florence Bruno

Bonjour à tous, je me suis un peu égarée dans le forum! Je réédite donc les post du sujet général. Belle année à tous sous Son regard!

Comment comprendre chez Aristote cette affirmation : "Il n'y a de science que du général, d'existence que du particulier" (p.53) ?

Ce qui existe, ce sont les des êtres, des individus, des substances sensibles différentes engagés dans le monde du devenir.
Notre intelligibilité du monde nécessite un tri, pour déceler des concepts généraux, universels, nécessaires. L’universel n’existe pas comme idée en soi mais a un rôle épistémologique, il est au fondement de la science.
La science détache des choses singulières –qui seules sont réelles- ce qui revioent, qui se retrouve, qui est général. Ce sont des schèmes d’intelligibilité pour la représentation d’un monde ordonné de réalités autonomes en devenir. L’universel n’est pas en dehors des êtres mais dans les êtres. Ainsi l’homme en soi est la substance de Socrate.

Aristote fait appel aux notions d’acte et de puissance : l’universel n’est pas une réalité existant en acte, il est puissance, possibilité : le bipède ne serait ni homme ni oiseau, l’oiseau ni coq ni aigle… L’espèce seule est forme substantielle, le genre ne s’actualise que dans telle ou telle espèce.
L’universalité véritable a son fondement dans l’essence. Il ne se constitue pas par une simple collection de faits singuliers ; le seul moyen d’affirmer l’universalité d’un rapport entre des phénomènes particuliers, c’est de saisir le lien nécessaire qui les unit.

Guillaume

Guillaume

Les trois divergences d'Aristote avec Platon :
1. Pour Aristote, réfléchir sur le langage revient à étudier les conditions auxquelles celui-ci doit obéir pour être pertinent. Platon nous dit que le langage possède une racine qui sʼenfonce dans la terre et une autre qui plonge dans le ciel ; la première est responsable des maladies du langage que sont lʼerreur et le mensonge ; la seconde donne au langage sa dimension, en le rattachant à la transcendance du logos que lʼhomme se doit dʼécouter.
2. Quand Platon parle de lʼimmortalité de lʼâme, il expose le drame de lʼâme tombée dans la prison dʼun corps et de la destinée qui lʼattend, lorsquʼelle sera jugée pour revenir mener sur la terre une existence. Aristote, lui, sʼintéresse uniquement au message que lʼesprit reçoit du monde extérieur par lʼintermédiaire des sensations, des perceptions qui sont à la source la
réflexion. Aristote se soucie de mettre au point une psychologie ; Platon se situe dans une perspective eschatologique.
3. Quand Platon parle de Dieu, il le fait toujours dans un contexte dramatique, impliquant des considérations sur lʼorganisation du monde, la condition des hommes et le jugement auquel ils seront soumis. Pour Aristote, Dieu est un penseur qui se pense, lʼacte pur, la cause des causes, le premier moteur. Platon conçoit le monde comme une histoire, Aristote le conçoit comme un système. Platon est un penseur tragique, Aristote dʼun penseur qui analyse et pour qui connaître le vrai est connaître par les causes. Aristote distingue 4 sortes de causes : la cause matérielle (le marbre dont est faite la statue), la cause formelle (la forme de la statue), la cause efficiente (la main du sculpteur sans laquelle il nʼy aurait pas eu de statue), et la cause finale (telle statue a été sculptée pour orner le temple de Zeus). Pour Aristote, la nature est constituée dʼun ensemble de forces de croissance qui fonctionnent selon des fonctions vitales organisées en vue de lʼéquilibre des individus qui le composent et qui sont soumis au devenir. La philosophie dʼAristote à exercé une influence considérable sur le monde occidental et chez les philosophes arabes qui ont contribué à la faire redécouvrir. Des théologiens pensèrent trouver un art qui pouvait être mis au service de la foi, ainsi quʼune vision du monde utile pour faire comprendre que la nature était un langage de Dieu aux hommes. Lʼempirisme de nombre manuel de philosophie ne fit que reprendre ce quʼAristote avait dit des sensations, de lʼimagination ou de lʼintellection. Des travaux dʼAristote sur les animaux ont inspiré bien des traités dʼhistoire naturelle avant que naquit la biologie scientifique. Le traité sur la main a inspiré des psychologies de la connaissance mais a aussi été utilisé par des théologiens chrétiens.

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