(J'ai fait ma petite synthèse à partir du livre de J. brun et d'autres documents.)
Sur les problèmes métaphysiques de l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme... il n'existe aucun accord entre les philosophes. D'où la nécessité d'une critique, « qui serve de tribunal devant lequel la raison elle-même pourrait juger ses prétentions et reconnaître ses limites », afin d'échapper au scepticisme d'un Hume.
Les trois grandes questions critiques auxquelles Kant tentera de répondre sont :
Que puis-je savoir? (quels sont les fondements de la connaissance?)
Que dois-je faire? (quels sont les fondements de la morale ? Que penser de la liberté humaine?)
Que m'est-il permis d'espérer?
Trois questions qui se ramènent à une seule : Qu'est-ce que l'homme ?
En ce sens, la philosophie de Kant est une réflexion sur la condition humaine.
Que puis-je connaître ? Les phénomènes.
Nous ne connaissons pas les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes indépendamment de nous (les choses en soi ou "noumènes") , mais seulement les choses telles que nous les présente notre faculté de connaître (les choses pour nous ou phénomènes).
Kant pense qu'il est possible d'atteindre la vérité dans les sciences. Dans la connaissance, ce n'est pas le sujet qui s'adapte à l'objet, mais l'objet qui s'adapte au sujet. C'est un changement de perspective total, car c'est on part de l'homme vers l'objet et non l'inverse. D'où le nom de "révolution copernicienne" donné par Kant lui-même à cette nouvelle conception de la connaissance.
Pour Kant, connaître un objet, c'est d'une part l'appréhender dans l'espace et le temps qui sont des formes qui appartiennent à la sensibilité du sujet et non à l'objet, et d'autre part lui appliquer des concepts qui appartiennent à l'entendement du sujet et non à l'objet.
En contrepartie, les objets de la métaphysique traditionnelle (l'âme ou le moi, Dieu, le monde, la liberté) ne peuvent pas être connus puisqu'ils sont de pures idées sans intuition sensible. Ainsi, il ne saurait y avoir de preuve de l'existence de Dieu. Telles sont, établies par la critique, les limites de notre jugement, incapable de produire une connaissance solide dès qu'il se prive de l'appui de l'intuition.
Les débats de la métaphysique sont donc des illusions produites par l'usage illégitime d'une raison ignorante de ses propres limites.
F. Schaeffer évoque cet aspect de la pensée kantienne dans « Démission de la Raison » :
« Après que la grâce ait été jusque-là opposée à la nature, au XVIIIe siècle l'idée de grâce disparaît, et le terme ne correspond plus à rien. Le rationalisme est désormais solidement établi sur ses positions et l'idée de révélation est absente en tous domaines. On ne s'exprime plus en termes de "nature et grâce" mais de "nature et liberté" (...)
Ce changement est considérable et constitue un signe évident de sécularisation. La nature a totalement éliminé la grâce qui a laissé la place, au "niveau supérieur", au mot "liberté".
Le système de Kant échoue lorsque celui-ci essaye de trouver une voie, quelle qu'elle soit, qui permette d'établir une relation entre le monde phénoménal de la nature et le monde nouménal des universaux. La ligne entre les deux "niveaux" (supérieur et inférieur) ne cesse de s'épaissir. »
En somme, il y a pour l'esprit humain une ligne (« la ligne du désespoir » de Shaeffer) qu'il ne peut franchir, et au delà de laquelle se trouve tout ce qui concerne Dieu. Toute idée de Révélation est niée. « La sécularisation est totale »
Autre question de Kant : Que dois-je faire ? mon devoir.
En morale, la raison se donne à elle-même ses propres règles (autonomie). Être moral, c'est faire son devoir, c'est-à-dire respecter les règles que l'on s'est données. La première grande règle, nommée « impératif catégorique », qui fonde tous les autres est donc :Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle, c'est-à-dire que tu puisses en même temps vouloir que tout le monde partage la même maxime que toi.
Le deuxième impératif catégorique pose la valeur inconditionnelle de toute personne :
Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité en toi comme dans les autres toujours aussi comme une fin, jamais simplement comme un moyen .
L'homme en tant que personne possède une dignité qui l'élève au dessus de toute chose.
- le problème du mal : Kant pensa d'abord qu'on pouvait extirper le mal de l'homme par une « éducation convenable », avant de parler d'un « mal radical », un penchant au mal inhérent à l'homme et impossible à éliminer. « Il existe un penchant au mal devant lequel toutes les pédagogies et toutes les politiques resteront impuissantes » - p. 257. Mais Kant s'arrête à ce constat sans spéculer sur l'origine du mal.