La transition de l'église missionnaire à l'église indigène :
Cette transition est capitale. Si elle est bien vécue, ce sera le gage de la continuité de l'activité de l'église fondée dans le futur.
Le missionnaire fait partie de l'oeuvre du Seigneur, qui fonde, établit son église dans les nations. Il est un maillon dans un ensemble beaucoup plus vaste, mais son rôle est capital. La transition est comme un passage de témoin, pour que la course puisse continuer, il doit se faire dans de bonnes conditions. Le rôle du missionnaire, c'est de travailler à cela.
La finalité de son travail, est que l'église locale soit centrée sur Christ, qu'elle puisse vivre de façon à ce qu'elle puisse se gérer, se prendre en main dans toutes les composantes de sa vie, et, évidemment, comme nous l'avons vu à la question précédente, il y a de nombreux défis pour arriver à ce but, qui ont, malgré tout, un paramètre commun : l'église, les responsables, la communauté entière doit se fonder sur Christ, gage de sa vie, de son identité.
Quelles sont les étapes que le missionnaire doit affronter ?
1°) : Le missionnaire est formateur :
Il doit équiper les responsables. La qualité des leaders, leur capacité à enseigner, doit être repéré, encouragé. Le missionnaire doit donc discerner les dons spirituels dans l'assemblée. Une des stratégies principales pour former les futurs leaders, sera de les encourager à mettre en pratique leurs dons. On apprend dans l'expérience de la vie, tout particulièrement dans sa famille. La capacité de l'église locale à elle même enseigner est essentielle, car, elle devra prendre à sa charge, une fois le missionnaire parti, cette part de la vie de la communauté. En commençant à oeuvrer dans sa communauté, le futur responsable développera un esprit de service, qualité indispensable à son futur rôle.
Dans un premier temps, le missionnaire devra également s'occuper des nouveaux convertis, les former, les enseigner.
2°) : Le missionnaire aide les croyants locaux à mettre en place leur propre structure :
La tentation du missionnaire, c'est d'appliquer les règles de gestion qu'il connait, qu'il a vu dans son église et de les calquer sur la nouvelle réalité locale. Tout en respectant les principes bibliques de gestion, lles modes d'application seront décidés et mis en place par l'équipe de responsables locaux. Ils auront et devront avoir une couleur locale. Le missionnaire devra être en retrait dans tout ce qui a trait à la discipline, aux décisions de l'église.
3°) : Le défi relationnel, entre le missionnaire et l'église locale :
Chaque église exprime sa nature de façon indépendante : le missionnaire n'impose rien. Le message, l'autorité du Christ sont uniques, mais en marchant dans sa propre identité, l'église peut devenir adulte. Le missionnaire doit avoir cette perspective comme ligne de mire, comme aboutissement de son travail : fonder une église mûre. Il y a donc une nécessité à ce que les relations soient saines entre le missionnaire/l'oeuvre et l'église naissante. La clé, pour cela, c'est d'amener l'église à se centrer sur Christ, à compter sur lui dans toutes ses voies. Le missionnaire peut être confronté à deux types de difficulté relationnelles :
- Le missionaire impose sa vision, il ne respecte pas les identités, les particularités locales ou alors, à cause des blessures de l'histoire, de la colonisation, le missionnaire n'est simplement considéré que comme un serviteur, qui n'a aucune part de responsabilité. Dans les deux cas, il y a fusion relationnelle, l'un écrasant l'autre, ne lui permettant pas d'apporter sa part.
- Une autre expression de ce problème relationnel, serait une totale indépendance des deux parties, chacun travaillant comme il l'a décidé, sans concertation, sans projet commun.
Le missionnaire a donc pour tâche de sauvegarder l'unité interculturelle en entretenant de saines relations.
4°) : Gérer la transition :
Le missionnaire est amené à partir un jour ou l'autre. S'il doit partir, c'est que le travail est accompli. C'est donc une source de joie.
Que veut l'église ? Est-elle prête ? La transition est un moment difficile, c'est pourquoi les étapes précédentes sont importantes. La transition ne peut se vivre sainement que si le travail en amont a bien été effectué. C'est le dernier moment de la vie du missionnaire dans un endroit particulier.
Pour atténuer les difficultés, le missionnaire doit définir les prochains objectifs du groupe : est-ce une église naissante, une église qui avait déjà été implantée par d'autres et où l'équipe est bien en place ?
Le missionnaire devra former à la missiologie, à l'ecclésiologie, aux défis de la mission afin que l'équipe qui reprend le flambeau puisse elle-même devenir missionnaire, évangélisatrice dans sa vision. L'oeuvre pourra continuer, se multiplier. Il devra donc aider les leaders à assumer leurs responsabilités, il lèvera les ministères.
5°) : Enfin, dernier défi : Le problème de l'argent, de la relation financière entre la mission et l'église locale. Comment Gérer ?
L'argent entraîne souvent des problèmes de rivalités. Le missionnaire, en accord avec l'église locale doit encourager le don. Le don est lié à l'adoration. Le don interpelle : comment je donne, avec quelle attitude de coeur ? Souvent, la ressource principale d'une église, c'est l'oeuvre missionnaire. Le missionnaire est perçu comme une source de revenu pour l'église. Il peut y avoir un partenariat bancal : la mission pourvoit seulement à la mission. Quelquefois, la richesse du missionnaire s'accroit, cela peut être vu par les autochtones comme "Dieu donne seulement aux missionnaires".
Une église dépendante financièrement, cela a des conséquences sur sa vie spirituelle. Quelles sont-elles ? Etre dépendant, cela peut vouloir dire, "je ne suis pas digne, pas capable par moi-même". Cela peut également produire de faux schémas de pensée,du type "avoir de l'argent, sinonyme de croissance".La croissance est-elle liée à l'argent ? Non. La croissance est liée à la foi, à la confiance en Dieu. Etre dépendant de la mission, cela peut entraïner de l'amertume vis à vis de la mission, cela peut être compris comme un néo colonialisme, cela amène jalousie et rancoeur, tensions, paternalisme, manipulation, le donneur devient décideur. L'église locale doit comprendre que l'indépendance financière est nécessaire. Pour cela, il faut être centré sur Christ dans toutes ses voies. Le missionnaire doit donner comme but, l'indépendance financière. L'église doit prier, le sT ESprit doit être celui qui met un fardeau sur les coeurs des croyants par rapport aux dons.
L'église, les leaders locaux, avec le missionnaire doivent se donner comme but d'aller vers l'indépendance financière.
La transition est donc une étape nécessaire dans la vie du missionnaire, mais de l'église où il travaille. Elle Doit être intégré dans la vision globale qu'il se donne en commençant son travail, pour que son oeuvre soit pérenne, tout en ouvrant de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons pour la communauté locale.