Le III°s av JC : 11) Les courants philosophiques du scepticisme, stoïcisme, épicurisme. Résumé

Ceci est le sujet d'ouverture de la onzième question posée par Yannick Imbert dans ce chapitre.


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Le scepticisme (Pyrrhon, Timon de Phlionte (plus tard Cicéron) suspend tout jugement, car toute opinion rencontre des raisons contraires de forces égales (c'est comme le principe de la poussée d'Archimède ;-). Opposé à la dialectique, il prône indifférence et inaction, afin d'atteindre l'ataraxie (absence de passions et de troubles), synonyme de bonheur. (BRUN, p.60)

-> voir les philosophies subjectivistes (HUME) et leur critique par Karl POPPER (in "la Connaissance objective").
-> origine aussi des philosophies "désabusées" qui renoncent à percevoir le monde trompeur et qui place le sujet percevant (Michel FOUCAULT) ou "l'existence" (l' "existentialisme athée" de J.-P. SARTRE) au centre de l'investigation philosophique, pour donner un sens à la vie.

Les sceptiques ne sont-ils pas les lointains ancêtres de ce que nous nommons aujourd'hui la postmodernité (ou l' "ultramodernité"), qui a la suite de la "rupture nouménale" kantienne et de l'échec du positivisme triomphant (XIXe-début XXe s.) invite l'homme à se méfier de toute les certitudes (idéologiques, scientifiques, religieuses), pour se complaire dans le fameux "consensus mou".
-> question : comment évangéliser ceux qui se méfient a priori de toute certitude ? (éléments de réponses dans "Jeter des Ponts" Alister Mc GRATH).

Le stoïcisme (Zénon de Cittium, Chrysippe, plus tard Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle) veut vivre en accord avec la nature et parvenir à l'équilibre (ataraxie) en se soumettant aux événements (Providence). (BRUN, p.61)
Dieu est identifié à la Nature, « avec qui nous devons vivre dans un accord constant ». (BRUN, p.62)
Chacun possède une « tension » intérieure qui devient compréhension, lorsqu'elle s'harmonise avec la tension de l'objet perçu. Désir et passion sont ennemis de cette harmonie. (BRUN, p.62-63)
La vie est comme une pièce de théâtre où chacun doit jouer son rôle le mieux possible. (BRUN, p.63)
Le sage, exempt de passion et d'orgueil, « règle ses désirs sur ce qui dépend de lui » (ses actions), alors que le passionné s'oppose à l'ordre naturel. (BRUN, p.63-64)
Le stoïcisme en trois points :
- « le Destin est providentiel, il ne fait qu'un avec la vie du Monde et de Dieu » ;
- la sagesse se soumet au Destin, comme « acquiescement à la vie du cosmos » ;
- ne s'étonner de rien (contraire de Platon) est la règle. (BRUN, p.64)

→ N'existe-t-il pas une ressemblance avec le bouddhisme, son panthéisme et son concept Destin-karma ?

L'épicurisme (Épicure, plus tard Lucrèce) cherche la paix et le calme, dans la frugalité et l'indifférence aux biens matériels, en accord avec la nature, afin d'atteindre l'ataraxie. (BRUN, p.64-65)
Fermé à la mythologie, au drame ou à toute vision eschatologique, il se « blinde » contre tout drame et n'admet pour vérité que la réalité perceptible. (BRUN, p.65)
La physique (inspirée de Démocrite) sert à proposer un choix d'interprétation des phénomènes cosmiques, afin de les dédramatiser et non de les comprendre. (BRUN, p.66)
L'âme est comme le corps, composée d'atomes, qui se désagrègent à la mort. (BRUN, p.67)
« Philosophie de la sensation et de l'immédiat, l'épicurisme aboutit à une morale hédoniste pour laquelle le Bien se réduit au plaisir. » Mais, un plaisir naturel et nécessaire (ex. nourriture sobre) et qui fuit le raffinement et le luxe comme décadents → pas de vie politique, « ne pas varier », « vivre caché ». (BRUN, p.67)
Le sage se suffit à lui-même et vit loin de la foule, dans un ascétisme naturel qui fuit les besoins artificiels, qui inquiètent l'âme et prend pour modèle les dieux de l'inter-monde, qui ne se soucient pas des hommes. (BRUN, p.67)
Cette approche ultra matérialiste, ne manque pas de séduire Karl Marx, qui voit un peu hâtivement en Épicure un prédécesseur. (BRUN, p.68)

→ Le « Candide » de Voltaire et sa fameuse conclusion « il faut cultiver notre jardin », comme seule philosophie de vie valable, n'en est-elle pas inspirée ?
→ L'actuelle vision du monde centrée sur l'individu et ses seuls besoins, moteur économique de la société de consommation, semble un égoïsme contemporain aux lointaines racines antiques ?
→ voir l'excellent film « le Cercle des poètes disparus » (Peter WEIR, 1989) et la fameuse formule épicurienne « Carpe diem » reprise par le professeur Keating (Robin WILLIAMS).

- le scepticisme est la pensée qui conduit à ne point avoir de jugement, à douter de tout car toutes les opinions sont de forces égales. Cela conduit à l’indifférence, à l’inaction pour atteindre l’inexistence des passions.
- le stoïcisme est un naturalisme visant à rechercher un équilibre avec la nature. Cette nature est identifiée à Dieu et chacun doit vivre son rôle dans la vie en accord avec ce que la nature lui a assigné. La nature devient Dieu et Dieu est la nature, il convient de s’y soumettre dans une vie exempte de passions et d’orgueil.
- l’épicurisme est également un naturalisme, mais en relation avec la sensation, le plaisir. Ce n’est que ce qui se ressent qui est réel et vrai. Donc la vie doit être en contact avec ce qui nous entoure. Il faut dédramatiser l’existence et ne point s’effrayer devant des situations. Le mouvement de la vie est naturel et il n’y a aucune répercussion eschatologique. Nous vivons et lorsque nous serons morts, nous ne sommes rien. Il n’y a que le Plaisir qui produise le Bien, non le Plaisir en mouvement, mais le Plaisir en repos, celui qui tient de la nature qui les met sobrement à notre disposition.

Le scepticisme est au sens strict une doctrine selon laquelle la pensée humaine ne peut déterminer une vérité avec certitude.
Il ne s'agit pas de rejeter la recherche, mais au contraire de ne jamais l'interrompre en prétendant être parvenu à une vérité absolue. Son principal objectif n'est pas de nous faire éviter l'erreur, mais de nous faire parvenir à la quiétude (ataraxie) loin des conflits de dogmes et de la douleur que l'on peut ressentir lorsqu'on découvre de l'incohérence dans ses certitudes.

Le stoïcisme est une école philosophique de la Grèce antique, fondée par Zénon de Citium en 301 av. J.-C. Cette philosophie exhorte à la pratique d'exercices de méditation conduisant à vivre en accord avec la nature et la raison pour atteindre la sagesse et le bonheur envisagés comme ataraxie qui une absence de passions et qui prend la forme d'une absence de souffrance.
C'est par la suite un courant philosophique hellénistique qui a traversé les siècles, subi des transformations, puis a exercé diverses influences en Europe en particulier au 17ième siècle, chez René Descartes et jusqu'à nos jours.

L'épicurisme est une école philosophique fondée à Athènes par Épicure en 306 av. J.-C. Elle entrait en concurrence avec l'autre grande pensée de l'époque, le stoïcisme, fondé en 301 av. J-C.
L'épicurisme est aussi un naturalisme comme le stoïcisme, axé sur la recherche d'un bonheur et d'une sagesse dont le but est l'atteinte de l'ataraxie, la tranquillité de l'âme. C'est une doctrine matérialiste et atomiste.
Son héritage a été revendiqué par le matérialisme moderne. Le but de l'épicurisme est d'arriver à un état de bonheur constant, une sérénité de l'esprit, tout en bannissant toute forme de plaisir non utile.
Il ne prône donc nullement la recherche effrénée du plaisir, comme beaucoup le pensent à tort.

Bonjour à tous, je me suis un peu égarée dans le forum! Je réédite donc les post du sujet général. Belle année à tous sous Son regard!

Scepticisme
Le discours philosophique d’autodétruit et laisse place à un mode de vie qui se veut non-philosophique. Le but est d’avoir la paix, la tranquillité d’âme. Il y a trop de diversité et de contradictions dans la perception des sens, les croyances, les coutumes etc.. tout est finalement relatif. Il faut donc suspendre d’adhésion aux discours philosophiques dogmatiques, y compris le discours sceptique lui-même.

Stoïcisme
Le Bonhuer ne se trouve pas dans le plaisir ou dans l’intérêt individuel, mais dans l’exigence du bien, dictée par la raison et transcendant l’individu. Il est accessible à tous ici-bas. Il faut prendre conscience de notre situation tragique, conditionnée par le destin : si les hommes sont malheureux c’est parce qu’ils désirent des choses qui ne dépendent pas de ce bon vouloir, et qu’ils veulent éviter des maux qui sont inévitables. La volonté de faire le bien, d’agir conformément à la raison est ce qui est en notre pouvoir. C’est un facteur de liberté.
Le monde est un tout organique, tout arrive par nécessité rationnelle, la sagesse est de donner un sens à tout ce qui arrive. « le Destin est providentiel, il ne fait qu’un avec la vie du Monde et de Dieu »(p64) S’y soumettre est sagesse.
L’intention morale se pose elle-même comme bonne, et engage l’homme à son attitude à l’égard du monde.

Epicurisme
L’individu n’est mu que par la recherche de son plaisir et de son intérêt. Sa vie est alors souffrance et sensation de manque. Il faut donc rechercher de manière raisonnable le plaisir dans le seul fait d’exister. Le plaisir de la connaissance est un plaisir qui ne trouble pas l’âme et qui n’engendre pas la souffrance.

Qu’est ce que le scepticisme ? A pour père Pyrrhon (365-275). Puisque « des raisons de forces égales peuvent être opposées à toute opinion », aucune ne valant plus que l’autre car nos sens nous trompent, il est nécessaire de suspendre tout jugement (Epochè). Viendra alors une sagesse se définissant par des négations. Puis l’indifférence et l’inaction permettront de parvenir à l’absence de passion et à l’absence de trouble (ataraxie) pour atteindre la sérénité et le bonheur. (Sextus Empiricus, célèbre septique).
Stoïcisme et Epicurisme. Face au doute, ils veulent apporter des certitudes apaisantes. Sont deux naturalismes, dont le but est de vivre en accord avec la nature en se soumettant aux évènements (Stoïcisme) ou par la soumission aux sens (Epicurisme) pour parvenir à l’équilibre de l’ataraxie.

Qu’est ce que le stoïcisme ? Zéon de Cittuim, Chrysippe (Philo du Portique). Philosophie en trois partie, la Logique permet de connaitre les causes, la Physique permet la conscience de l’harmonie, enfin la Morale enseigne que paix et ataraxie naissent de l’acquiescement de l’âme au cours de choses organisés par la Raison suprême. Identification de Dieu et de la nature. Le pieux est celui qui vit selon la raison, exempte de passion et d’orgueil. Trois grands points : 1/Le destin est providentiel (ne fait qu’un avec la vie du monde et Dieu), 2/la sagesse est une soumission au Destin (acquiescement au cosmos), 3/ne s’étonner de rien (contre l’étonnement de Platon).

Qu’est ce que l’épicurisme ? Epicure (341-270), développe l’idée, en réaction au stoïcisme, selon laquelle il faut vivre « en accord avec la nature pour parvenir à l’ataraxie », donc vivre simplement. Philosophie naturaliste, la « naissance est un simple processus organique » (p65), il y a dédramatisation de la nature (la physique comme dédramatisation et non compréhension, p 66). Ils demandent de vivre en accord avec la nature, et donc de vivre simplement, naturellement (La rechercher des plaisirs naturels et nécessaires comme la nourriture, p 66). Le sage se suffit à lui-même, loin de tout le bruit de la citée (p 67). Vivre et devenir une « citadelle inexpugnable que n’atteignent ni les tragédies passionnelles ni les terreurs de l’au-delà, ni les tempêtes d’aucune sorte ». Le sage est un Dieu vivant parmi les hommes (p69)

Vers 300 en Jésus-Christ, Athènes nʼest plus une grande puissance. Alexandre le Grand est mort, ses lieutenants se disputent son empire. Athènes finira par perdre le droit de battre monnaie. Elle reste cependant une brillante capitale intellectuelle. Lʼacadémie existe toujours, mais la grandeur du platonisme et bien vacillante. Trois nouvelles écoles surgissent presque simultanément.
1. Le scepticisme
Il a pour père Pyrrhon ( 365 - 275 ), qui enseigne que des raisons de force égale peuvent être opposées à toute opinion, aucune ne vaut plus quʼune autre ; cʼest pourquoi il nous conseille de suspendre notre jugement. Rien nʼest honnête ni honteux en soi. Nous devons nous en tenir à la différence.
2. Le stoïcisme
Vivre en accord avec la nature implique une soumission au cours des événements. Les stoïciens comparent la philosophie à un animal : les os, les nerfs sont la logique, la chair, cʼest la morale, lʼâme, cʼest la physique. La logique apprend à connaître les noeuds des causes. La morale nous enseigne que la paix et lʼataraxie naissent dʼun acquiescement de lʼâme à la structure et au cours des choses organisées par la raison suprême. La physique permet de prendre conscience de lʼharmonie et de la sympathie qui règne dans le monde. Ces trois parties concourent à une même fin : nous faire connaître la nécessité de la nature divine qui est un tout sympathique à lui-même, organise et vivant, avec qui nous devons vivre dans un accord constant. Avec le stoïcisme, la distance qui séparait Dieu du monde se trouve comblée par son identification. Les stoïciens comparent leur vie à une pièce de théâtre dans laquelle le metteur en scène distribue les rôles. Chacun doit jouer le sont mieux le rôle qui lui a été assigné. Le sage est celui qui vit selon la nature, exempt de passion et dʼorgueil. Il fait la différence entre ce qui est de sa responsabilité ou pas. Sa philosophie tient en trois points : Le destin est providentiel ; la sagesse est une soumission au destin ; le stoïcisme ne sʼétonne de rien.
3. Lʼépicurisme
Épicure (341- 270) nous demande de vivre en accord avec la nature. Il tourne le dos aux
interprétations mythologiques, dramatiques ou eschatologique de lʼexistence. Il affirme que vérités et réalités sont synonymes, et que nous avons à les comprendre. Philosophe de la sensation et de lʼimmédiat, il aboutit à une morale hédoniste pour laquelle le bien se réduit au plaisir. Parmi les plaisirs, il exhorte à se protéger des plaisirs naturels non nécessaires et des plaisirs non naturels non nécessaires. Le sage est celui qui cherche à se suffire à lui-même, fuyant les besoins artificiels qui rendent lʼâme inquiète. Alors que pour les stoïciens, le sage, brûlé dans les flancs du taureau en airain ou lʼavait enfermé le tyran sicilien, supportait la douleur parce quʼil savait que son supplice ne dépendait pas de lui, le sage épicurien était heureux même pendant son supplice aux seuls souvenirs de ses félicités passées.