Aristote : 7) En quoi Aristote s'oppose-t-il à Platon ?

Ceci est le sujet d'ouverture de la septième question posée par Yannick Imbert dans ce chapitre.


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Je recopie ici, le tableau proposé par Sylvain, dans la Conversation principale maintenant fragmentée:

sylvainguiton a écrit:Je me permets de revenir un peu en arrière (!) pour vous proposer le tableau suivant :

Platon est le philosophe des Idées et Aristote est celui du concret. Pour Aristote, les Idées sont une forme inséparable de la matière et qui n’existe pas à l’état isolé. Il n’est pas tourné vers ce qui est transcendant, mais vers ce qui est de la nature, de la Terre.
On peut noter selon Jean Brun, trois points de divergence :
- la question du langage qui pour Platon est une racine qui a une existence par rapport à la Terre et dans le Ciel, lui donnant une transcendance que l’homme doit prendre en compte alors que pour Aristote, le langage revient à seulement étudier les conditions auxquelles il doit obéir pour être.
- La question de l’immortalité de l’âme qui pour Platon est dans la prison d’un corps et qui a une destinée alors qu’Aristote se situe sur uniquement sur l’aspect psychologique des choses mettant l’accent sur les sensations et les perceptions que l’homme reçoit de l’extérieur.
- La question de Dieu qui pour Platon s’appuyant sur les mythes le voit comme agissant sur l’organisation du monde, la condition des hommes et faisant mention du Jugement. Pour Aristote, Dieu est une pensée qui se pense, Acte pur, premier Moteur…

Platon voit le monde comme une histoire et Aristote comme un système. Aristote développe la logique comme art de penser, il s’appuie la pensée de ses prédécesseurs. Il procède de l’être au connaitre.

Aristote s'oppose à Platon dans 3 domaines:
- au niveau du langage: Platon considère le langage comme une racine pour les choses terrestres mais aussi pour les choses céleste où il est question de transcendance du Logos.
Pour Aristote réfléchir sur le langage revient à étudier les conditions pour qu'il soit pertinent. Pour lui parler ou penser revient à juger en attribuant un prédicat (attribut). Il donne au discours une rigueur et une cohérence indiscutables. Il ne recourt jamais au mythe à titre d'explication allusive.
Le raisonnement permet de parler droitement en utilisant les inductions (du particulier au général) ou des déductions (du général au particulier)
- sur le plan métaphysique: Platon s'intéresse en premier à l'âme à son immortalité, a son "emprisonnement dans le corps", à sa destinée lorsqu'elle sera jugée pour revenir et mener sur terre une nouvelle existence.
Aristote s'intéresse uniquement aux messages que l'esprit reçoit du monde extérieur, aux associations de perceptions et d'images qui sont à la source de la réflexion.
Platon se situe dans une perspective eschatologique alors qu'Aristote se soucie de mettre au point une psychologie.
- dans la façon de parler de Dieu: Platon se place dans un contexte qui fait référence aux mythes avec leur caractère dramatiques, qui implique l'organisation du monde, la condition des hommes et le Jugement auquel ils seront soumis dans une perspective éthique et eschatologique.
Pour Aristote Dieu est une "pensée qui se pense" il est l'Acte pur, la Cause des causes, le premier Moteur.
Le finalisme d'Aristote est un finalisme de l'organisation qui veut montrer que la Nature ne fait rien en vain. Ce finalisme n'est pas teinté de spéculations éthiques ni eschatologiques.
En bref Platon conçoit le monde comme une histoire alors qu'Aristote le conçoit comme un système.

Bonjour à tous, je me suis un peu égarée dans le forum! Je réédite donc les post du sujet général. Belle année à tous sous Son regard!

Aristote critique la théorie des Idée conçue comme dépassant les réalités empiriques. Contre l’idéal il pose le réel et le possible. « Platon l’index dirigé vers le Ciel et Aristote l’index dirigé vers la terre », p50. Platon conçoit le monde comme histoire alors qu’Aristote voit un système. Platon est un penseur tragique, l’autre un analyste les causes pour trouver le vrai. Aristote, à l’inverse de son maitre qui prone l’idée, devient quant à lui le « philosophe du concret », p 50. Il veut rendre « compte de la croissance des vivants et du mouvement du corps ». Selon lui la forme (l’idée de Platon) et matière sont inséparables. Trois points les divisent : le langage, l’âme et Dieu. Aristote est logique. C’est « la sensation » qui devient messagère irremplaçable qui nous permet d’accéder au réel », alors que « la sensation et l’opinion étaient pour Platon les deux principaux écrans qui nous masquaient la vérité », p53 ! Le mouvement de balancier est toujours remarquable dans l’histoire…

Pour le langage, je vote pour Platon, parce que mon langage doit s'ancrer dans la terre pour plonger dans le ciel. Mais Aristote me convient aussi, dans son approche systématique.
Pour l'âme, je ne vote pas pour Platon. Il est dans le drame !!
La psychologie d'Aristote, par contre me convient assez.
Pour Dieu, je pense que nous sommes à la fois dans l'histoire du monde et dans un système (aspects dynamiques et statiques).
Dans l'ensemble, je suis donc plutôt Aristotélicien, mais pas de beaucoup...