Frédéric a bien noté le problème que mentionne Jean Brun dans sa description de la philosophie de Platon. De son côté, Aristote fait une critique vive des idées platoniciennes.
Aristote va soulever un problème essentiel dans la théorie platonicienne des Idées. Posons, dit Aristote, la réalité d'un homme grand. Cette réalité est composée de deux représentations : "homme" et "grand". Ce qui signifie que penser à "un homme grand" c'est penser les Idées de "homme" et de "grandeur".
Ceci dit, continue Aristote, si nous voulons suivre la théorie platonicienne jusqu'au bout, il nous faut aussi considérer qu'une Idée de "homme grand" existe à côté des Idées de "homme" et de "grandeur".
De plus, si nous prenons l'exemple d'une homme grand et d'un homme petit, nous sommes confronté une fois de plus au grand problème d' l'unité et de la diversité. Pour Aristote en effet, la théorie de Platon n'explique pas comment on peut avoir une même idée ("homme") avec des caractéristiques différentes ("grand" ou "petit").
Le problème que voit Aristote est le suivant :
« Ainsi, selon Aristote, les Idées platoniciennes ne sont que des doubles, des synonymes des choses particulières, et d'autre part, ces doubles sont séparés des choses, de sorte qu'on ne voit pas du tout pourquoi les choses existent, et que les Idées, en fin de compte, sont inutiles. » (Chevalier, 322)
Deux choses à noter :
- si l'Idée de l'Homme désigne tous les hommes, quelque soient leurs différences, alors cette Idée est synonyme de "tout homme". A quoi sert-elle donc ? Simplement à dire qu'un homme, petit ou grand, est un homme ? Nous n'avions pas besoin des Idées platoniciennes pour cela, conclut Aristote.
- mais plus encore ! Platon veut maintenir que cette Idée de l'Homme n'est pas en relation directe avec les hommes. Elle existe indépendamment d'eux ! Comment une Idée de l'Homme peut-elle être indépendante de ce qu'elle est censée décrire ?
Voici, conclut Aristote, la limite ultime du platonisme : il ne peut pas expliquer l'existence de la diversité. Les Idées platoniciennes ne font, en font de compte, que mettre en péril la réalité même de la diversité du monde.