Ch. 14-15. Q 14. Comment considérer notre mission dans notre société et au milieu de cette grande diversité des religions ?

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La mission que le Seigneur nous confie, implique :

- de ne pas le rejeter en bloc les autres croyances, afin de discerner les points communs qui permettraient d'annoncer l'évangile. (p.247).
-> A ce propos, on peut méditer utilement sur l'ouvrage d'Alister Mc GRATH "Jeter des ponts", qui invite à rechercher les points de contact qui existent dans les pensées "concurrentes", afin d'aboutir à une apologétique offensive (quoi que respectueuse) et efficace et non pas seulement "défensive".

- de prendre conscience que le combat à mener en Christ est un combat spirituel (Ep 6:10-18) et non un contre des hommes précis. (p.247) Aussi, la Bible nous offre-t-elle une série d'exemples pratiques, sur lesquels méditer, afin de rester fidèlement attaché à Dieu, tout en appelant les âmes de toutes origines à accepter le salut qu'Il offre en Jésus-Christ.
Par exemple, GLASER nous dit d'observer comment Jésus aborde ses compatriotes juifs, pour avoir un modèle dans la manière d'aborder les musulmans d'aujourd'hui(religieux assez légalistes). (p.248)
-> On peut aussi utilement s'inspirer des récits des Actes des apôtres (discours de Pierre à Pentecôte, de Paul à Athènes, à Lystre, etc.).

Deux dangers nous menacent dans notre relation aux autres confessions :
1. une trop grande tolérance qui conduirait au syncrétisme ou à la compromission (infidélité envers l'amour exclusif dû à Dieu) ;
2. un rejet a priori, qui nous empêcherait d'apporter l'évangile (cf. Jonas ou Pierre / Corneille) (infidélité envers le commandement d'amour du prochain). (p.254)

Le discours aux Corinthiens sur le rapport au temple et aux viandes sacrifiées peut nous aider à établir les "bons rapports" avec les "adeptes d'autres confessions sans être déloyal envers le Christ. » (p.257)

Poursuivant la synthèse de Fred, j'insisterai aussi sur le fait que le modèle en matière de mission auprès des gens d'autres confessions est Jésus lui-même (p.253). Ida Glaser s'arrête sur son entretien avec la femme samaritaine, mais souligne aussi qu'au sein du judaïsme, il a été confronté à la plupart des aspects que nous pouvons rencontrer : le légalisme, les divergences d'interprétation d'une même tradition religieuse (Pharisiens vs Sadducéens), les tensions inter-religieuses (juifs vs Samaritains), le rejet d'autres humains au nom de la religion (les lépreux « impurs », par exemple) - et aussi, ne l'oublions pas, le dialogue avec des gens qui cherchent sincèrement Dieu en dehors de la révélation biblique.
A chaque fois, Jésus a montré respect, amour et patience.
La question posée par Ida Glaser p 257 me semble une question clé sur ce sujet : lorsque nous décidons de faire ou de dire quelque chose en relation avec des adeptes d'une autre religion, demandons-nous : « qu'en est-il du témoignage ? Que sommes-nous en train de dire aux autres sur le christianisme et sur le Christ en faisant ou en ne faisant pas ceci ou cela ? »

J'aimerai mettre en avant ce qui a été pour moi un élément très intéressant de ce livre: le fait que la Bible vienne interroger et remettre en cause le lien entre confession, pays, peuple et pouvoir.

Peut-être ne voyons-nous pas assez à mon goût ce lien dans notre apologétique et pourtant nous avons « à prendre en compte les liens entre confessions, peuple et pouvoir dans notre mission » (p 238). Ce lien peuple-roi-dieu a été rompu en Jésus, mais les gens d’autres confessions l’auront généralement gardé sous une forme ou sous une autre. En particulier, « ils jugent notre foi et notre Seigneur en fonction de nos actions sociales et politiques, tout autant qu’en fonction de notre manière personnelle de vivre et de notre prédication » (p 249).

Cela renvoie à l'importance de notre témoignage qui a déjà été soulevée dans les réponses précédentes.

Importante aussi la tension au sein de la mission : « avoir des relations avec des personnes d’autres confessions en les traitant comme des êtres humains semblables à nous et servir en même temps le seul et unique Dieu » (p 256).

Selon IG en prenant exemple sur celle des apôtres : Pierre auprès des juifs prêchant à des croyants, ou sur celle de Paul qui s’adapte en fonction de son auditoire (lystre actes 14, Athène Actes 17 ou Ephèse Actes 19). Ensuite en prenant exemple sur la mission de Jésus, modèle de mission pour nous. Enfin elle peut puiser sa source dans la mission de Dieu auprès d’Abraham. La difficulté de cette mission au sein d’un monde multiconfessionnel dévoile la tension (source de conflit et division) qui est d’avoir des relations avec des personnes d’autres confessions et servir le seul et unique Dieu (p 256). Le miroir utile pour ce genre de réflexion est donné par 1 Co 8 et la viande consacrée aux idoles et la question du témoignage. Notre devoir est par moment de bloquer pour témoigner de la seigneurie de Christ et par moment de prendre soin pour témoigner de son amour (exemple des temples). Je pense qu'il faut prier et demander la sagesse pour savoir ce qu'il convient d'avoir comme attitude dans le contexte ou nous vivons, parfois prise de position nette, parfois patience et témoignage, etc. Tout comme frédéric je pense qu'il y a là un combat à mener au niveau spirituel.

Il est important que nous puissions considérer notre mission au sein de ces difficultés en ne négligeant pas le droit pour les autres de pratiquer et la recherche de la paix. Nous devons comprendre les problèmes qui se posent tout en restant fidèles à notre Dieu et à la mission que nous devons remplir au milieu des nations. La bible nous révèle les stratégies et les moyens mis en œuvre par Dieu au travers de ses serviteurs dans des milieux aussi difficiles et au sein d’une opposition forte.

Notre mission en tant que chrétien dans cette société est de vivre de manière droite, respectueuse et en toute piété, pour que ceux qui ne connaissent pas le Christ en voyant notre manière de vivre donne gloire à Dieu.

Notre mission est d’annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui ne connaissent pas le Christ comme l’ont fait les apôtres en nous adaptant à la personne qui est devant nous.

Le N.T. nous invite à partager la Bonne Nouvelle avec tous, incluant des adeptes d'autres religions et les athées. L'évangélisation fortifie notre foi. L'Ecriture nous donne plusieurs types d'exemples.
1. Nous pouvons considérer notre mission comme celle des apôtres:
- comme celle de Pierre qui a prêché l'évangile aux Juifs. Certains d'entre nous sont appelés à prêcher à des gens qui connaissent déjà un peu l'histoire biblique.
- Comme Paul avec ses voyages qui était allé prêcher aux Gentils, nous pouvons être appelés a des gens de confessions différentes. La nouveauté peut susciter un attrait particulier.

2. Jésus est notre missionnaire modèle! Sa mission s'est déroulée dans un contexte religieux difficile souvent très hostile, parmi son propre peuple, les Juifs. Il a été confronté à la religion nationaliste, légaliste et pharisaïque ainsi qu'à la recherche sincère de Dieu. Sa façon de répondre et son comportement face aux besoins, souvent face à l'incompréhension et à l'hostilité sont de multiples exemples pour nous.

3. Notre mission peut aussi s'inspirer de l'appel de Dieu à Abraham: ce qui suggère une stratégie générale pour trouver une personne clé et l'éduquer dans la foi en Christ, édifier des familles qui mèneront une vie chrétienne et développer une communauté. On peut prendre aussi en compte comment Paul a soutenu le modèle de foi d'Abraham dans sa lettre aux Galates. La façon dont Dieu s'est occupé d'Abraham et sa famille en Canaan peut être aussi un modèle pour témoigner auprès d'adeptes d'autres confessions.

Notre mission consiste à :

- choisir les lieux stratégiques de rencontre inter-religieuses (p. 252).
- confronter avec à l'esprit la conviction que bien souvent les questions posées par les autres confessions rejoignent les notre (même si les réponses diffèrent radicalement), p. 253 s.
- prendre conscience de la diversité des positions religieuses auxquelles nous seront confrontés : religion pharisaïque, religion légaliste, religion sceptique, recherche sincère de Dieu. J'ajouterai personnellement un type "religion sceptique" (Pilate, "Qu'est-ce que la vérité") ... (p. 253 s.)

Le grand missiologue hollandais JH Bavinck (dont les livre sont eux aussi de grands classiques) parlait d'élenctique pour définir une apologétique confrontée aux religions.

Pour JH Bavinck l'élenctique c'est :
« la science qui dévoile au monde païen les fausses religions comme étant un péché contre Dieu … et qui appelle ce monde païen a une connaissance du seul vrai Dieu » (cité dans Harvie Conn, Missionary Encounters)
Certains font l'erreur, mais qui est une erreur de définition de l'apologétique, de relier uniquement l'élenctique à l'apologétique négative1. Mais cette approche des religions prend en compte Tite 2.15 :
« Dis ces choses, exhorte, et reprends avec une pleine autorité. »
« Reprendre » : c'est le verbe elencho, en grec, qui est donc à l'origine de élenctique. Il s'agit donc de reprendre sur des points particuliers les affirmations des autres religions, des religions du monde.
Le dictionnaire théologique du NT de Kittel mentionne le terme en donnant la définition suivante : « montrer à une personne son péché et l'appeler à la repentance »

Parmi les questions d'Ida Glasser, en voici deux :
Les hindous devraient-ils être autorisés à construire des temples ?
Doit-on collaborer pour une même nation avec des confessions différentes ?
Elle conçoit donc la vocation évangélique bien au-delà de la proclamation du message. Elle nous appelle à une construction sociale, comme étant une véritable semence évangélique.
Je suis assez d'accord avec elle.