Le rôle que joue Abraham, tout au long du périple où il se lance à l'appel de Dieu, est intéressant, dans notre étude des religions, en raison de la diversité des contextes religieux auxquels il est confronté et des relations qu'il entretien, avec les ressortissants des nations qu'il rencontre.
Abraham, part d'un contexte babylonien où un dieu prépondérant (Mardouk) a marqué un temps l'histoire de la région. C'est là que jadis, Dieu a confondu les langues des peuples réunis "contre" lui.
Il traverse Canaan, où les cultes à El (l'équivalent de notre mot "dieu", qui peut aussi bien désigné un dieu païen que Dieu) sont dominants.
Il se rend en Egypte, où le différent avec le pharaon provient (tout comme pour Abimélec l'amoréen) d'une faute d'Abraham, "rattrapée" par une action de Dieu directement auprès du Pharaon.
La seule réserve que semble exprimer le périple d'Abraham, dans le domaine religieux (peut-être s'agit-il d'une réserve davantage éthique ?) c'est à l'égard de Sodome et Gomorrhe, dont il se tient éloigné et à qui il ne veut rien devoir (refus du butin lors de la récupération de Lot prisonnier).
Abraham reconnaît en Melchisédek, roi sacrificateur de Salem, une autorité religieuse, associée au Dieu qui l'a appelé hors de Chaldée. D'une façon qui peut faire penser au respect de Jéthro, prophète de Madian, par son gendre Moïse.
Abraham est donc important pour nous, car il est confronté en tant que nomade, à une multitude de traditions religieuses différentes. Ses rapport avec les communautés concernés sont cordiaux ou "distants", mais jamais conflictuels. Dans le même temps, Abraham reste fidèle à Dieu qui l'a appelé et avec lequel il a fait alliance.
« la tâche d'Israël consistait à montrer son Dieu aux nations : le Dieu créateur de la Genèse, qui se révèlera plus tard à Moïse sous le nom de Yahvé (Exode 3.14) ». (p.91-92)
Ce Dieu est unique (1R8) et l'exprime par une révélation de lui-même et des lois (l'Ancien Testament) qui distinguent Israël de ses voisins. (p.96-97)
Au Sinaï (Ex 19:3-6) Dieu rappelle aux Israélites, qu'ils sont destinés à être une bénédiction pour les nations, en étant notamment :
(1) « un royaume de prêtre », i.e. apprendre aux nations à connaître Dieu pour être en communion avec Lui et être bénis ;
(2) « une nation sainte », i.e. vivre différemment des autres nations, par imitation de Dieu, qui se distingue de tout autre dieu. (p.104-105).
Le « véritable combat contre la fausse religion n'était pas un combat contre les autres nations mais au sein même d'Israël. Cela est confirmé par le choix que fait le Nouveau Testament des textes de l'Ancien Testament sur les étrangers. » (p.134)
Le Temple de Jérusalem devaient aussi être le lieu où des étrangers pourraient venir adorer Dieu, pour que « tous les peuples de la terre connaissent ton nom pour te craindre, comme ton peuple d'Israël » (1 Rois 8.43 ; 2 Chroniques 6.33) » (p.137).