Apologétique, Faculté Jean Calvin
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Ch. 4, Q22 : Comment caractériseriez-vous la philosophie des Lumières ? Qu'est-ce que le rationalisme des Lumières ? En quoi la définition des Lumières donnée par Kant est-elle importante ?

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obarrucand
Fred BICAN
sylvainguiton
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sylvainguiton

sylvainguiton

Pour Kant, les Lumières sont l'accession de l'homme à une sorte de « majorité » ; il peut enfin oser penser par lui-même, accéder à une raison autonome libérée de la dépendance à Dieu, entre autres. Kant met là en relief l'idée centrale du siècle des Lumières, qui est que l'homme ne parviendra au bonheur que par la raison, moteur d'un Progrès humain souhaité. L'homme, perfectible « à l'infini » (Condorcet), peut créer un monde de bonheur et d'harmonie par les « lumières naturelles » de la raison. Il n'y a pas de péché qui l'en empêche. Nul besoin du coup de Dieu, considéré comme un concept culpabilisant et aliénant - ni de ses représentants (voir l'anticléricalisme de beaucoup ; on pense à la fameuse expression de Voltaire, « écraser l'Infâme » - c'est-à-dire la religion instituée).
La science progresse, consolidant l'idée que le monde est auto explicatif, et que la Nature, sage et bonne, donnera la trame à la fois d'une religion naturelle épanouissante et d'une loi. Sade illustrera jusqu'aux pires extrêmes l'idée très XVIIIe que puisque tout vient de la nature, rien n'est contre nature - il n'existe donc aucun repère moral transcendant les instincts naturels.


Un concept est important, celui de la Volonté Générale.
Paradoxalement, l'idée va mener à la fois à une « adoration du général », une « divinisation du collectif » (avec une assimilation du rationnel au général) et en même temps à une reconnaissance du pluralisme culturel (chaque région ayant sa volonté générale spécifique), à l'effacement du clivage civilisation/barbarie au profit de la reconnaissance d'une multitude de civilisations différentes toutes légitimes.
En s'ouvrant aux autres cultures, l'esprit occidental remet en question les certitudes bien établies, notamment en matière de droit et de religion. Le mythe du Bon Sauvage a une place centrale ici ; on le trouve au cœur d'oeuvres comme L'ingénu (Voltaire) ou les Lettres Persanes de Montesquieu, par exemple : dans ces œuvres, un « sauvage » fictif porte un regard à la fois naïf et critique sur la civilisation occidentale, mettant en relief ses aberrations, ses contradictions, ses excès et relativisant ses valeurs. (principe éculé de films comme « un indien dans la ville », excusez la référence un peu triviale !)
De fait, le relativisme se développe ; la transcendance des lois, par exemple, est remise en question au profit d'une conception pluraliste. (« volonté de donner à l'homme des dimensions multiples » p213).

D'importantes découvertes techniques (comme la machine à vapeur) bouleversent le rapport au monde, dont l'homme se considère peu à peu comme « l'ingénieur » (p.221). La raison construit d'elle-même « sa propre Providence » (p. 222)

L'individualisme est renforcé puisque « l'entreprise de démystification libératrice par la raison, jointe à la reconnaissance d'une pluralité de volontés générales (…) conduit à une fragmentation des volontés collectives en des volontés particulières ».

Fred BICAN

Fred BICAN

Les "Lumières", appuyée sur la raison cartésienne et l'expérience chère à l'empirisme anglo-saxon, propose de lire le Livre du Monde à la « lumière naturelle » sans recourir à la Révélation des Ecritures. Le monde devient « auto-explicatif pour ceux qui seront capables d'en interpréter scientifiquement le langage », avec au mieux la concession d'un déisme croyant au Dieu Horloger (p.212), au pire un matérialisme athée, qui demande « à la matière seule de rendre compte de la genèse de l'homme. » (La Mettrie, Helvétius). (p.222-223)
Par la raison et l'expérience, l'homme est perfectible (v. Condorcet) et l'Histoire ouvre sur le Progrès en domptant le Léviathan (l'Etat, d'après Hobbes), pour engendrer une société où le bonheur sera à la portée de tous. (p.212)
Voltaire, Rousseau et Montaigne cultivent un sens du relatif qui remet en cause l'ordre et les idées établis.(p.213) Les lois (d'après Montesquieu) ne sont pas le fait d'un absolu d'inspiration divine, mais parfaitement contingentes. (p.215)
S'impose la notion « d'un droit naturel » considéré comme universel, qui préside « à la rédaction des diverses Déclarations des droits de l'homme et du citoyen ». (p.216)

Les Lumières reprochent au christianisme sa Théodicée, car il semble leur semble clair que Dieu est soit impuissant, soit n'est pas bon. (p.217)
La " Nature tenue pour sage et bonne ; on n'a donc nul besoin de prêtres, de cultes, ni de sacrements, une religion intérieure suffit." (v. Lessing, in Nathan le Sage). (p.219)
« Il existe une Urrelegion, une religion naturelle et primitive, dont participent toutes les autres religions […] ; ces religions sont vraies dans la mesure où elles se rapprochent de cette religion naturelle et fausses dans le cas contraire. » (p.219)
« L'homme raisonnable est capable de déterminer lui-même ses devoirs, la raison peut nous délivrer de l'erreur et par conséquent de la faute. Nous devons donc travailler sans relâche à améliorer notre humanité. » (p.219)
Le rationalisme des Lumières est donc la foi immense placée dans les vertus de la raison humaine, seule référence désormais admissible.

En 1784, Kant définit les Lumières comme l'âge où l'homme sort de sa Minorité, ayant enfin le courage de se servir de son propre entendement : Sapere aude ! (p.226)
Cette métaphore sacralise les Lumières comme une étape importante et irréversible de l'histoire de l'humanité. Elle incite à un "volontarisme" (v. "courage") déployé dans une démarche exclusivement rationnelle.
C'est un jugement de valeur qui menace, tout ceux qui prétendraient ne pas s'en remettre complètement à la raison, en les accusant de "retomber en enfance".

obarrucand

obarrucand

On peut donner les caractéristiques suivantes à la philosophie des Lumières :

  • Son épistémologie : on pense avoir les outils pour lire le Livre du Monde : la raison glorifiée par le cartésianisme + l’expérience de l’empirisme anglo-saxon.

  • Sa vision de l’homme : l’homme est capable de transformer la nature, de régler de manière rationnelle la société et il est perfectible. Ainsi l’Histoire a une vocation : celle d’ouvrir la voie au Progrès.

  • Son ouverture au monde : la philosophie des Lumières s’efforce de faire comprendre à chacun « que la nature humaine déborde infiniment les cadres a priori à l’intérieur desquels on a voulu la fixer » (213). Avec à la clé le développement du relativisme.

  • À propos de la querelle des Universaux : Les Lumières commencent d’assurer la victoire des réalistes par la naissance qu’elles donnent à un Etre nouveau qui va devenir de plus en plus puissant : la Volonté générale. Cette adoration du général va cependant entraîner son contraire et ses paradoxes. C’est la révolte du génie national contre la Volonté générale. Et l’on arrivera à une pluralité des volontés générales.

  • Son équation. La philosophie des Lumières engendre l’équation : liberté de la raison + pluralité des volontés générales = fragmentation des volontés collectives en des volontés particulières que l’on demande de respecter au nom de la liberté de conscience. Tout est permis dans un relativisme là aussi bien nourri.


Le rationalisme des Lumières est celui qui va puiser aux sources de la « lumière naturelle » qui rendent le recours à l’Ecriture inutile. Le monde est vu comme auto-explicatif pour qui sait lire scientifiquement son langage (là encore se dessine l’influence de Descartes et de sa physique mathématique). Ce rationalisme est celui des idées claires et de l’observation des faits qui peuvent à eux deux sortir l’homme de l’erreur.

La définition des Lumières donnée par Kant est importante de par sa justesse à décrire ce qui s'est effectivement produit. Les Lumières c’est « la sortie de l’homme de sa Minorité », minorité à comprendre comme incapacité de l’homme à se servir de son entendement sans la direction d’autrui à cause de son manque de décision et de son courage de s’en servir sans la direction d’autrui (226). Dans notre langage biblique, on dirait que l’homme est enfin devenu capable d’être comme Dieu dans sa connaissance du bien et du mal, il n’a besoin de personne sinon de lui-même pour appeler le bien Bien et le mal Mal.

Monnier

Monnier

La philosophie des Lumières s’ancre dans le 18ème siècle qui se caractérise par le triomphe des idées de progrès, d’égalité, de liberté, du goût du relatif, par la suprématie de l’autorité de la raison qui peut délivrer de l’erreur et améliorer l’humanité, par la reconnaissance d’une religion naturelle primitive commune à toutes les religions, par la reconnaissance de droits naturels à l’individu, par un ‘‘anticléricalisme ambiant’’ qui ‘‘débouche sur une sorte d’humanisme naturaliste’’, par une confiance dans l’avenir de la société. Tout cela dans une siècle où les sciences se développent, où les inventions sont très importantes qui génèrent dans l’esprit des hommes une nouvelle vision du monde. Pour la philosophie des Lumières la « raison et l’expérience deviennent ‘‘comme des dieux’’ pour domestiquer le Leviathan en lui permettant de vivre enfin dans une cité où le bonheur sera à la portée de tous. Rationalisme, empirisme, hédonisme, utilitarisme et eudémonisme convergent ainsi dans cette idée qu’il faut apprendre dans le Livre du Monde ce qui permettra de connaître la nature humaine pour lui donner la possibilité de s’épanouir. » (Brun, p.212).
« En 1784, Kant se propose de répondre à la question : Qu’est-ce que ‘‘les Lumières’’ ? : « Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa Minorité, dont il est lui-même responsable. » (Brun, p.226). Pour Kant, l’homme est foncièrement incapable de se servir de son entendement, sa raison sans l’aide d’un vis-à-vis. Il conçoit alors la devis des Lumières comme « Aie le courage de te servir de ton propre entendement. » (Brun, p.226).

EMELIE Gabriel



- Cette période des Lumières caractérisée par la pensée que l’homme est capable de transformer la nature, de faire le bien revient à faire de lui son propre dieu et lui donne la responsabilité de travailler à l’amélioration de la nature humaine. Les idées de progrès, d’égalité et de liberté ont ainsi prospérer faisant sortir l’homme du cadre dans lequel il se trouvait auparavant. Le voici en route vers une vie délivrée de l’erreur, du fanatisme et des superstitions. L’homme se reconstruit et reconstruit son cadre de vie en rejetant tout ce qui peut entraver sa liberté et son progrès.
- Cette philosophie des Lumières est mise en œuvre au travers d’un rationalisme rejetant tout absolu, toute transcendance, tout ce qui pourrait s’imposer contre une raison qui fait partie du droit naturel fondamental. L’homme délivré de cet absolu peut ainsi s’appuyer sur sa raison et trouver les solutions pour améliorer son vécu. Il faut lui faire confiance pour sa capacité à conduire la société vers le bonheur assuré, non seulement par les découvertes nouvelles qui foisonnent, mais par la nouvelle vision du monde qu’elles permettent. Il n’y a plus de place pour une religion provenant d’un Dieu créateur, la religion intérieure animée par la raison suffit. Cette raison va donner naissance à la volonté générale qui devient le nouveau dogme que l’on va instrumentaliser. Une volonté générale qui va se scinder en des particularismes pluriels conduisant à des contradictions flagrantes.
- Kant veut faire sortir l’homme de sa minorité, c’est à dire de son incapacité de se servir de son propre entendement à cause de son manque de courage et de décision. Kant affirme ainsi que l’homme est responsable de sa situation et qu’il convient de l’en retirer et que les Lumières servent à cela, à le sortir de l’emprisonnement dans lequel il se trouve et à l’aider à s’aventurer au dehors pour découvrir autre chose. Mais le danger est de l’enfermer de nouveau dans un système au nom d’une vérité qui ne tôlerait aucune remise en cause.

frédéric

frédéric

Comment caractériseriez-vous la philosophie des Lumières ? Comme il a déjà été dit, c’est donc le siècle du progrès, d’égalité, de liberté, du relatif, de la religion naturelle, du droit des hommes, de l’humanisme. L’homme est comme un dieu, il est perfectible, il peut avancer, s’améliorer et améliorer le monde dans lequel il vit. C’est l’utopie humaniste qui pense pouvoir constuire une cité nouvelle, ou l’homme sera bon ! C’est peut être ce qui choque de nos jours lorsqu’on voit des Breivik agir…on oublie ce que dit la Bible de la nature humaine, on ne veut écouter que des fables (Je conseille de lire le livre de Christian Salmon Storytelling. La Machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits)

Qu'est ce que le rationalisme des lumières? C’est le fait que l’homme peut par lui-même, pas la raison, sa capacité, ses moyens, sans l’aide de la transcendance, faire avancer sa condition. Je dirai tout simplement que c’est le triomphe de la Raison de l’Homme sur le religieux. « L’homme raisonnable est capable de déterminer lui-même ses devoirs, la raison peut nous délivrer de l’erreur et par conséquent de la faute. Nous devons donc travailler sans relâche à améliorer notre humanité ».

En quoi la définition des Lumières donnée par Kant est-elle importante ? Elle dévoile l’esprit qui anime les lumières : le désir de s’affranchir du créateur. Kant à bien compris cela lorsqu’il définit en 1784 ce que sont les lumières (p 226). Pour lui, c’est la sortie de l’homme de sa Minorité (c’est-à-dire son incapacité à se servir de son entendement sans la direction d’autrui), minorité dont il est lui-même responsable. La raison s’affranchissant de la révélation devient comme il le dit responsable…cette responsabilité est lourde à porter car l’homme est seul face à lui-même et ses capacités à se sortir de sa condition. Je trouve que la confession de Hume est éclairante à ce sujet, a la fin de son parcourt il avoue être effrayé, « je suis effrayé et confondu de la solitiude désespérée ou je me trouve placé dans ma philosophie », p210.

8Ch. 4, Q22 : Comment caractériseriez-vous la philosophie des Lumières ? Qu'est-ce que le rationalisme des Lumières ? En quoi la définition des Lumières donnée par Kant est-elle importante ? Empty Résumé Lun 14 Mai - 15:13

Admin

Admin
Admin

La période des Lumières se caractérise par une confiance absolue en la raison humaine, en ses capacités de connaissance et de découverte (en cela la période des Lumières prépare les temps modernes). Dans la théologie, elle se caractérise par (1) une plus grande séparation de la connaissance révélée et de la connaissance naturelle et (2) une évacuation / mise en cause au sein de la théologie d'éléments "surnaturels" (préparant en cela la démythologisation de la 1e moitié du 20e siècle ainsi que la théologie expérientielle de Schleiermacher).
Les Lumières réinterprétent aussi un grand nombre de doctrines chrétiennes (la condition humaine, le notion de péché et de salut, etc.) à la lumière de la raison et de l'expérience.

La définition de Kant est cruciale au projet moderniste. Il faut la rappeler entièrement :
"Les Lumières, c'est la sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement (pouvoir de penser) sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable (faute) puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude ! (Ose penser)."
Le modernisme prendre à son compte (fidèlement à Kant ou non) les principes suivants :
- rejet de tout dogme non naturel, c'est à dire non rationaliste (penser sans la direction d'autrui). C'est l'ère de la suprématie de la raison humaine.
- le manque de connaissance ou l'ignorance ne sont dus qu'à l'homme. Ainsi, on va concevoir la possibilité d'une connaissance parfaite, sous condition de la volonté de connaître.
- un certain individualisme dans la recherche intellectuelle et académique (ose penser).
- l'homme contrôle son avenir et est capable de bâtir un monde qui lui correspond. Cela conduira à la philosophie positiviste dont Auguste Comte fut en France l'un des grands représentants.

Les réponses que vous avez chacun données sont aussi de bons compléments à cette question.

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Guillaume

Guillaume

On pense de plus en plus que les ressources de la «lumière naturelle» dispensent de recourir à la révélation des Ecritures bibliques et que le monde deviendra auto-explicatif pour ceux qui seront capables dʼen interpréter scientifiquement le langage. On consentira tout au plus à quelques concessions déistes affirmant que Dieu est lʼhorloger qui a fabriqué la machine du monde selon des lois à mettre au jour. Le XVIIe siècle fut celui de lʼordre, de la hiérarchie et de la discipline. Le XVIIIe fut au contraire, le siècle où triomphèrent les idées de progrès, dʼégalité et de liberté. Voltaire, Rousseau et Montesquieu furent de grands voyageurs qui acquirent le sens du relatif. Après Louis XIV naîtra lʼidée que, puisque des lois sont nées des cadres lesquelles vivent les hommes, il serait souhaitable de les élaborer sur des données rationnelles. La notion de révélation de la vérité se trouve ainsi éliminée au profit dʼune évidence et dʼune clarté qui servir souvent de masque à de banales superficialités. Les critiques adressées au christianisme sont toujours les mêmes : elles gravitent autour du problème du mal, problèmes que le tremblement de terre de Lisbonne (1755) posa dans toute son acuité. Ou Dieu permet le mal et il nʼest pas bon, ou Dieu ne peut pas lʼempêcher et il est impuissant. Les multiples inventions du XVIIIe siècle ne sont pas seulement importantes parce quʼelles seront à lʼorigine dʼapplications techniques et de progrès sociaux considérables. Elles impliquent et engendrent une une nouvelle vision du monde. LʼEncyclopédie, dʼAlembert et de Diderot dresse un bilan de ce que lʼhomme sait et de ce quʼil peut. Buffon et Goethe (1749-1832) fouillent les archives du monde, préparant le terrain pour Darwin. Lʼuniversalisme ressurgi sous la forme de volonté générale, qui doit être comprise, modifiée, éduquée, régionalisée. Cela conduit à la fragmentation des volontés collectives en des volontés particulières que lʼon demande de respecter en invoquant la liberté de conscience. Les notions de «normale» et de «pathologique» se trouvent donc récusées comme autant de préjugés. Ainsi, ceux qui déchiffrent le livre du monde sont finalement conduits aux pires contradictions, car ils pensent que le sens naît de ce livre lui-même sans quʼaucun message nʼen soit transmis sinon que tout est naturel.

Guillaume

Guillaume

Lʼoeuvre de Kant (1724-1804) marque un tournant considérable dans lʼhistoire des idées car elle met lʼhomme au centre dʼune théorie de la connaissance, dʼune morale, sans recourir à une théologie ni un empirisme quelconque. Le livre du monde donne pas des leçons de lecture à lʼhomme, cʼest lʼhomme qui y écrit des textes à partir dʼune morphologie et dʼune syntaxe inhérentes à sa nature. Mais alors quʼil nʼy a quʼune science, les disputes des métaphysiciens nous offrent le spectacle de la tour de Babel. Kant veut fonder un système définitif qui assurera à la connaissance des fondements indiscutables. Ce sera lʼoeuvre du criticisme.
Lʼhomme est lʼêtre qui donne un sens au raisonnement. Ce raisonnement se fait dans un cadre intellectuel, les catégories, qui sont les vrais concepts primitifs de lʼentendement humain. Notre connaissance commence par les sens et finit par la raison. Lʼâme, le monde et Dieu sont des idées auxquelles ne correspond aucune réalité empirique. Cʼest pourquoi la psychologie, la cosmologie et la théologie dites rationnelles sont des pseudo- sciences qui se livrent à des constructions déductives invérifiables. Dans la dernière partie de la critique de la raison pure, Kant parle de dialectique transcendantale, où il veut étudier les conflits de la raison avec elle-même. Il expose quatre antinomies fondamentales, et affirme que ces quatre thèses sont toutes fausses parce que lʼentendement travaille sur des concepts trop grands pour lui.
La morale kantienne se trouve exposée dans trois oeuvres dans lesquelles sont récusés et la morale du plaisir et les morales utilitaristes, ainsi que les morales fondées sur une théologie. La morale doit être instituée au niveau de lʼhomme lui-même. La morale de Kant est couronnée par une eschatologie implicite qui ne repose pas sur une révélation mais sur les conséquences quasi rationnelles de la morale. La religion se trouve ainsi maintenue dans les limites de la simple raison.
Le bois dont lʼhomme est fait est si noueux quʼon ne peut y tailler des poutres bien droites. Le mérite du criticisme et de nous inciter à comprendre que lʼhomme est à lui-même un organe obstacle et quʼil importe de le désabsolutiser, au même titre que le réel où la société.

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